Maitrisez les Gestes et les techniques de secourisme en urgence partie 01
Obstruction aiguë des voies aériennes - Hémorragies
Contenu
Préalables à toute action de secours
Obstruction aiguë des voies aériennes
Hémorragies
Patient inconscient
Brulure
Patient en arrêt cardiorespiratoire
Traumatologie musculaire et osseuse
Conclusion
Préalables à toute action de secours
Dès l’arrivée sur les lieux de la détresse, il faut toujours rechercher un danger pouvant générer un sur-accident. C’est le préalable à toute action de secours :
• devant un accident de la voie publique, protéger la zone de l’accident en utilisant les moyens à disposition (triangle, feux de détresse, témoin...) placés en amont et aval du lieu de l’accident à environ 200 m en tenant compte des conditions de visibilité ;
• devant un accident domestique, vérifier la présence de fils électriques, d’odeur de gaz, de matériaux menaçant de chuter...
Dégagement d’urgence
Devant l’impossibilité de supprimer un danger vital réel, il convient de soustraire la victime à celui-ci sans délai, si elle ne peut le faire elle-même. Plusieurs techniques ont été décrites, seul ou à plusieurs : traction par les poignets, traction par les chevilles, extraction d’un véhicule... Toutes ont pour principe de préserver un axe tête-cou-tronc.Ces techniques, souvent complexes, montrent rapidement leurs limites ; en termes d’extraction rapide, l’efficacité prime sur la technique.
Bilan de la victime
Cette étape permet une analyse rapide de la situation d’urgence et de l’état des fonctions vitales de la victime.Le bilan consiste à évaluer la détresse vitale immédiate, l’état de conscience, la fonction ventilatoire, et la présence d’un pouls carotidien (ces techniques sont décrites dans le paragraphe
« Patient inconscient »).
Alerte des secours médicalisés
L’alerte des secours médicalisés ne doit pas faire retarder les gestes de sauvetage face à une détresse vitale immédiate.Une fois le geste salvateur effectué, il convient d’appeler le Service d’aide médicale urgente (Samu) territorialement compétent.
Obstruction aiguë des voies aérienne
L’obstruction complète des voies aériennes est une urgence pouvant entraîner le décès en quelques minutes en l’absence de traitement. L’étiologie la plus fréquente est l’obstruction par la chute de la langue en arrière dans le pharynx chez une per- sonne inconsciente ou en arrêt cardiorespiratoire. Une personne peut développer une obstruction des voies aériennes intrinsèque (langue, épiglotte) ou extrinsèque (corps étranger).
L’obstruction aiguë des voies aériennes par corps étranger (OAVACE) est la principale cause de suffocation accidentelle, mais c’est une cause évitable de l’arrêt cardiaque.
Les causes :
L’OAVACE doit être évoquée rapidement chez toute personne, en particulier jeune, qui arrête soudainement de respirer, se cyanose et perd connaissance sans raison apparente.Chez l’adulte, l’OAVACE survient habituellement au cours d’un repas. Un morceau de viande est la cause la plus fréquente. Certains facteurs favorisants sont retrouvés lors de l’obstruc-
tion par corps étranger :
• de grosses bouchées ;
• de la nourriture mal mastiquée ;
• un taux d’alcoolémie élevé ;
• une mauvaise dentition ;
• les personnes âgées avec dysphagie.
Dans un restaurant, les urgences obstructives peuvent être confondues avec une cause d’origine cardiaque et elles ont donné lieu à l’appellation de « café coronary » chez les Anglo-Saxons.Diagnostic
L’efficacité du traitement est dépendante de la reconnaissance rapide des signes positifs de l’OAVACE.L’obstruction des voies aériennes peut être partielle ou totale. En cas d’obstruction partielle, il faut évaluer la qualité de la ventilation. Si celle-ci est bonne, la personne reste réactive et peut tousser fortement. Fréquemment, il existe un wheezing entre les épisodes de toux. Tant que les échanges gazeux sont efficaces, il faut encourager la personne à tousser et à ventiler. Dans ces conditions, le sauveteur ne doit pas interférer avec les tentatives de la personne pour expulser le corps étranger mais doit rester à ses côtés et la surveiller.
La victime d’une obstruction aiguë des voies aériennes peut présenter immédiatement des signes de détresse ventilatoire ou secondairement suite à une respiration initialement satisfaisante.
Les signes de détresse ventilatoire seront :
• un épuisement ;
• une toux inefficace ;
• un son aigu pendant l’inspiration ;
• une gêne respiratoire grandissante ;
• une cyanose.
La prise en charge d’une personne présentant une obstruction partielle des voies aériennes mal supportée est la même que lors d’une obstruction complète, il faut agir immédiatement.Les signes de l’obstruction complète sont :
• incapacité de parler, de respirer, de tousser ;
• crispation des mains sur le cou ;
• absence de mouvement respiratoire.
Si l’obstruction complète n’est pas levée, la personne va perdre connaissance et le décès peut survenir rapidement.Techniques de libération des voies aériennes
• les compressions abdominales par la méthode de Heimlich ;
• les claques dans le dos ;
• les compressions thoraciques.
Manœuvre de Heimlich
Elle est appelée aussi compression abdominale ou compres- sion abdominale sous-diaphragmatique. Elle est recommandée chez l’adulte et l’enfant conscient à partir de 1 an.Les compressions abdominales par la méthode de Heimlich élèvent le diaphragme et augmentent la pression à l’intérieur des voies aériennes, en poussant l’air venant des poumons. Cela peut être suffisant pour créer l’équivalent d’une « toux artifi- cielle » et expulser le corps étranger en dehors des voies aériennes.
Certaines complications sévères peuvent survenir comme la rupture ou des lacérations de viscères thoraciques ou abdomi- naux. Pour ces raisons, cette manœuvre sera utilisée en dernier recours et les personnes l’ayant subi devront avoir un examen médical pour exclure ces complications. Pour diminuer le risque de complications, il faut une technique précise. Une régurgitation peut survenir consécutivement aux compressions et il faut y associer une aspiration endobuccale.
Sur une personne debout ou assise
Se placer debout derrière la victime, entourer vos bras autour de sa taille, et procéder de la façon suivante :• placer le poing fermé, côté pouce contre l’abdomen de la victime, sur la ligne médiane, entre l’ombilic et sous la pointe de l’appendice xiphoïde et du bord inférieur de la cage thoracique (fig 1) ;
vidéo :
• empoigner le poing avec l’autre main et donner une pression sèche vers l’abdomen en haut et en arrière ;
• répéter les compressions jusqu’à ce que l’objet soit expulsé ou que la personne perde connaissance.
Chaque compression doit être détachée de la suivante.Autoadministration
La personne présentant une obstruction complète des voies aériennes peut pratiquer les compressions abdominales sur elle- même avec la technique décrite précédemment, son propre poing empaumé par l’autre main et en pratiquant les compres- sions en haut et en arrière. En cas d’échec, la victime peut comprimer le haut de l’abdomen d’un mouvement sec en s’aidant du poids du corps sur n’importe quelle surface solide, comme le dossier d’une chaise ou le bord d’une table. Plusieurs pressions peuvent être nécessaires pour que le geste soit efficace.Personne allongée
Pour pratiquer des compressions abdominales sur une victime inconsciente :• s’agenouiller à cheval sur les cuisses de la victime ;
• situer le talon d’une main sur la ligne médiane légèrement au-dessus de l’ombilic et juste au-dessous de l’appendice xiphoïde ;
• placer la seconde main sur le dessus de la première ;
• effectuer des poussées sèches, avec les deux mains sur l’abdomen, ascendantes et en arrière (fig 2).
Il est possible d’utiliser le poids de son propre corps pour améliorer la technique.Claques dans le dos
Le sauveteur débute les manœuvres de désobstruction par cinq claques dans le dos.Pencher la personne en avant en soutenant la face antérieure du thorax d’une main et, avec l’autre main, pratiquer cinq claques vigoureuses entre les omoplates.
Les claques sont réalisées avec le talon de la main entre les omoplates. (fig 3)
En cas d’échec, il faut alors pratiquer cinq compressions abdominales.
Compressions thoraciques
Si la personne qui étouffe perd connaissance pendant la tentative de désobstruction, le sauveteur doit alerter les secours(ou envoyer quelqu’un le faire) et débuter la réanimation cardiopulmonaire (RCP).
Les compressions thoraciques peuvent être une alternative à la manœuvre de Heimlich chez une femme dans les derniers mois de grossesse ou chez une personne présentant une obésité importante. Le sauveteur se tient debout derrière la victime, avec les bras directement sous les aisselles en entourant le thorax de la victime. Il place un poing côté pouce sur le milieu du sternum en prenant soin d’éviter l’apophyse xiphoïde et le bord des côtes, empoigne le poing avec l’autre main et exécute des compressions en arrière jusqu’à l’expulsion du corps étranger ou que la personne perde connaissance.
Lorsqu’il n’est pas possible d’entourer le thorax avec ses bras, les compressions peuvent s’effectuer avec la victime au sol, sur le dos. Dans ce cas, la technique des compressions thoraciques est la même que lors de la réanimation cardiopulmonaire.
Nettoyage digital avec traction du bloc langue-mandibule
Il ne doit être pratiqué que dans le cas d’une personne inconsciente avec obstruction complète des voies aériennes.La personne est allongée sur le dos, il faut ouvrir sa bouche en tractant l’ensemble langue et mâchoire inférieure avec le pouce et les doigts, en élevant la mandibule (subluxation de la mâchoire ou technique d’Esmarsh). Cette manœuvre décolle la langue du fond de la gorge et libère un éventuel corps étranger.
Insérer l’index de l’autre main vers le bas, le long de l’inté- rieur de la joue et profondément dans la gorge vers la base de la langue. Utiliser ce doigt en crochet pour déloger le corps étranger. Il faut faire attention à ne pas enfoncer l’objet profondément dans les voies aériennes (fig 4).
Techniques avancées
Deux types de pinces conventionnelles sont acceptables pour ôter le corps étranger. La pince de Kelly et la pince de Magill. Les pinces ne seront utilisées que si l’objet est visible, soit avec un laryngoscope, soit avec un abaisse-langue et une lampe. L’utilisation de ces différents moyens par une personne non entraînée ou inexpérimentée est difficile.Séquence de désobstruction des voies aériennes
Séquence de désobstruction dans le cas d’une victime consciente
Pratiquer cinq claques vigoureuses entre les omoplates. Extraire l’objet s’il se retrouve dans la bouche.En cas d’inefficacité des claques, pratiquer cinq compressions abdominales. Rechercher l’accessibilité du corps étranger dans les voies aériennes.
En cas d’échec, alterner les claques dans le dos et les com- pressions abdominales jusqu’à réussite de la manœuvre ou perte de connaissance de la personne.
Conduite à tenir
Séquence de désobstruction dans le cas d’une victime consciente :
• cinq claques vigoureuses entre les omoplates ;
• en cas d’inefficacité, cinq compressions abdominales ;
• en cas d’échec, alterner les claques dans le dos et les compressions abdominales.
Séquence de désobstruction dans le cas d’une victime inconsciente
Alerter le Samu le plus rapidement possible. Si un témoin est disponible, l’envoyer alerter pendant que vous vous occupez de la victime.Libérer les voies aériennes et tenter lesinsufflations. Si cela s’avère inefficace, modifier la position de la tête pour mobiliser l’objet et essayer de ventiler de nouveau.
Après cinq tentatives maximales de ventilation inefficace, pratiquer 30 compressions thoraciques.
Ensuite, ouvrir la bouche en tractant le bloc mandibule- langue et effectuer un nettoyage digital pour enlever l’objet.
Répéter la séquence de deux insufflations et de 30 compres- sions thoraciques jusqu’à ce que l’obstruction soit levée ou que des techniques avancées soient disponibles (clamp de Kelly, pince de Magill, cricothyroïdectomie).
Si les voies aériennes sont libérées, effectuer un bilan des fonctions vitales et effectuer les manœuvres adaptées.
Enfant et nourrisson
Trois manœuvres sont suggérées :• les claques dans le dos ;
• les compressions thoraciques ;
• les compressions abdominales.
Il y a un consensus sur le fait que, chez le nourrisson et le jeune enfant, l’absence de protection par la cage thoracique des organes hauts placés dans l’abdomen augmente le risque d’atteinte iatrogène par les compressions abdominales. Par conséquent, les compressions abdominales ne sont pas recom- mandées pour désobstruer l’OAVACE chez le nourrisson.Symptomatologie
Chez l’enfant et le nourrisson, l’étouffement survient aussi bien pendant les repas que pendant la période de jeu. Les parents ou les gardes d’enfant sont habituellement présents et la phase d’étouffement a lieu le plus souvent devant témoin. Le plus souvent, les sauveteurs interviennent alors que la victime est encore consciente.Les signes, chez l’enfant et le nourrisson, débutent brutale- ment avec une détresse respiratoire, une toux, un stridor, un son fort et aigu, un wheezing.
En cas d’obstruction partielle et si l’enfant tousse vigoureuse- ment, il ne faut pas interférer avec cette toux spontanée et les efforts de respiration.
Il faut libérer l’obstruction uniquement quand la toux est ou devient inefficace. On retrouve les signes suivants :
• une extinction des sons ;
• une augmentation de la difficulté respiratoire ;
• un stridor ;
• une perte de connaissance.
Si l’enfant ou le nourrisson perd connaissance pendant les tentatives de désobstruction, démarrer la RCP pendant 1 minute, puis alerter les secours spécialisés et reprendre les manœuvres de réanimation.Chez le nourrisson conscient : claque dans le dos et compression thoracique
Il faut alerter les secours aussi rapidement que possible dès que le nourrisson présente des difficultés respiratoires. Si vous n’êtes pas seul, une personne s’occupe de l’alerte pendant que vous agissez sur l’enfant.La séquence suivante est utilisée :
• le sauveteur est habituellement assis ou agenouillé avec l’enfant sur les genoux ;
• les claques dans le dos sont délivrées, tant que le nourrisson conscient les supporte, face vers le sol, à cheval sur l’avant- bras du sauveteur, avec la tête plus basse que le tronc. Elles sont fermes au milieu du dos entre les omoplates ; utiliser le talon de la main (fig 5[url=#_bookmark4][/url]).
• après ces cinq claques dans le dos, si l’objet n’est pas expulsé, pratiquer cinq poussées thoraciques.
Ces poussées thoraciques consistent à faire une compression sur la moitié inférieure du sternum, à un doigt sous la ligne intermammelonnaire. La zone d’appui est la même que pour la mise en œuvre des compressions thoraciques de la RCP. Lescompressions sont délivrées à la fréquence d’une par seconde et sont pratiquées avec le nourrisson positionné sur le dos, soutenu sur l’avant-bras du sauveteur et sa tête déclive par rapport au corps (fig 6[url=#_bookmark5][/url]).
Il faut répéter la séquence des claques dans le dos et des compressions thoraciques jusqu’à expulsion du corps étranger ou perte de connaissance de la victime.
vidéo:
Chez l’enfant conscient : compression abdominale (manœuvre de Heimlich)
La séquence claques dans le dos et compressions thoraciques peut être une alternative lors de l’intervention face à un enfant.La manœuvre de Heimlich est identique à celle décrite pour l’adulte.
Chez l’enfant ou le nourrisson inconscient
Si l’enfant ou le nourrisson perd connaissance, débuter la RCP avec, comme objectif supplémentaire, à chaque ouverture de bouche, de rechercher et d’extraire l’objet qui obstrue dans le fond de gorge.L’extraction digitale à l’aveugle est peu efficace car le corps étranger est souvent repoussé vers les voies aériennes.
La technique de traction du bloc mandibule-langue peut libérer partiellement l’obstruction ou mobiliser l’objet et permettre, s’il est visible, de le retirer avec précaution.
Si les voies aériennes sont libres, contrôler les signes de circulation et poursuivre la RCP si nécessaire. Si le nourrisson ventile de façon efficace avec des signes de circulation, le placer en position latérale de sécurité.
2.Hémorragies
Les hémorragies représentent une cause fréquente d’appel d’urgence et les gestes de secourisme à réaliser sont simples et d’un intérêt majeur pour le pronostic immédiat de la victime. Point importantL’arrêt d’une hémorragie prévaut sur tous les autres gestes de secourisme.
Objectif : arrêter l’hémorragie au plus vite et limiter ses conséquences
Toute hémorragie qui perdure entraîne une diminution de la volémie pouvant aboutir à un arrêt cardiorespiratoire.
Les hémorragies peuvent se répartir en trois groupes : hémor- ragies externes, hémorragies extériorisées et hémorragies internes. Chacune d’elle répond à des gestes de secourisme et à une surveillance spécifiques.
Hémorragies externes
Elles se caractérisent par l’écoulement de sang par une plaie et doivent être identifiées rapidement lors du bilan initial d’une victime. Parfois, l’hémorragie est masquée par les vêtements, ce qui renforce l’intérêt d’une recherche systématique chez toute victime lors du bilan initial.L’arrêt de cette hémorragie prévaut sur tous les autres gestes de secourisme.
La démarche des gestes de secourisme face à une hémorragie externe doit toujours être la suivante.
Compression locale
Elle consiste à appuyer avec la paume de sa main directement au niveau de la plaie hémorragique en réalisant ainsi une compression directe et stopper l’hémorragie.Il est impératif de se munir d’une protection par des gants non stériles afin d’éviter toute contamination par les maladies transmissibles par voie sanguine. Si le sauveteur ne peut se procurer des gants, il lui faudra utiliser un autre moyen de protection qui pourra également servir à comprimer, par exemple des compresses, une serviette, un vêtement. L’arrêt de l’hémorragie prévaut sur le risque infectieux qui sera secondaire et traité a posteriori par antibiothérapie.
L’efficacité de cette compression locale repose sur la consta- tation de l’arrêt de l’hémorragie. Il ne faut plus relâcher cette compression jusqu’à la prise en charge médicalisée de la victime. Toutefois, le relais par un autre sauveteur, ou un tampon compressif, est possible. Le tampon compressif est un système permettant de maintenir la compression locale efficace tout en dégageant la main du sauveteur. Il existe des « coussins hémostatiques d’urgence » composés d’un tampon de mousse et d’une bande élastique, prêts à l’emploi. Il suffit de venir appliquer ce tampon sur la zone hémorragique afin de dégager la main qui comprime et de libérer le sauveteur. Le tampon compressif peut être improvisé à l’aide de compresses stériles et d’un bandage.
Si l’hémorragie siège au niveau d’un membre, la victime sera allongée avec le membre concerné surélevé afin de diminuer mécaniquement l’hémorragie. Quel que soit le tampon com- pressif utilisé, il sera réalisé une surveillance locale : coloration, température, motricité, sensibilité.
Si la compression locale s’avère inefficace ou s’il n’est pas possible de la réaliser : corps étranger dans la plaie, plaie hémorragique étendue ou délabrante, il faut effectuer un point de compression à distance.
Compression à distance
La compression à distance repose sur des techniques précises dépendant du siège de l’hémorragie.Le principe consiste à comprimer le tronc artériel situé entre le cœur et la plaie. Le point de compression à distance permet de comprimer spécifiquement l’artère principale en amont de l’hémorragie sur un plan dur (osseux de préférence) au plus près de la plaie et de la stopper mécaniquement sans atteinte veineuse, nerveuse ou musculaire.
L’efficacité de ces compressions repose sur l’arrêt de l’hémor- ragie (fig 7[url=#_bookmark6][/url]).
Hémorragie du membre supérieur
Point de compression axillaire. Il s’effectue en plaçant les deux pouces dans le creux de l’aisselle, les autres doigts enserrant l’épaule. Les pouces doivent être placés côte à côte et viennent comprimer l’artère axillaire.La victime doit être allongée si possible et le membre supé- rieur sera surélevé pour faciliter l’arrêt de l’hémorragie.
Une surveillance d’aval du membre concerné est impérative en attendant la prise en charge médicalisée. Les critères suivants sont à évaluer régulièrement : coloration, température, motri- cité, sensibilité.
Point de compression huméral. Il s’effectue en plaçant le pouce dans le creux qui existe naturellement entre les muscles bicipital et tricipital, les autres doigts enserrent le bras.
Point de compression sous-clavier. Il s’effectue en se plaçant derrière la victime allongée au niveau de sa tête. Le sauveteur vient comprimer l’artère sous-clavière dans son tiers proximal.
Hémorragie du membre inférieur
Point de compression inguinal. Le sauveteur comprime l’artère fémorale à l’aide de son poing qu’il positionnera sur le trajet de l’artère en se tenant agenouillé près de la victime, bras tendu.Hémorragie au niveau du cou
Point de compression au niveau du cou. En cas de lésion de l’artère carotidienne, le sauveteur comprime l’artère caroti- dienne à l’aide de son pouce vers le rachis cervical.Une fois mis en œuvre, ce point de compression ne sera plus relâché jusqu’à la prise en charge médicalisée. Seul un relais par un autre sauveteur ou la mise en place d’un garrot peuvent constituer des solutions d’attente. Le risque du relâchement de la compression est la reprise de l’hémorragie et l’installation d’une détresse circulatoire brutale avec désamorçage de la pompe cardiaque et arrêt cardiorespiratoire.
Ces recommandations, qui n’ont pas fait l’objet d’essais contrôlés, sont largement adoptées (fig 8).
Garrot
La dernière alternative à l’arrêt d’une hémorragie externe demeure le garrot. Les indications sont très limitées et doivent le demeurer :• l’hémorragie est incoercible malgré un point de compression à distance correctement réalisé ;
• le sauveteur est isolé et doit passer l’alerte ;
• le sauveteur est face à plusieurs victimes ;
• le membre concerné est amputé.
Le garrot s’effectue à l’aide d’un lien de toile solide et inextensible ou grâce à des systèmes pneumatiques spéciaux. Le médecin, dans sa pratique quotidienne, peut utiliser un tensio- mètre pour faire garrot (fig 9).L’inconvénient majeur du garrot est qu’il comprime aussi bien l’artère que le réseau veineux, les trajets nerveux et les masses musculaires, et peut aboutir à une ischémie complète du membre concerné s’il est laissé plus de 6 heures en place.
Le garrot doit toujours être visible et l’heure de mise en place doit figurer dessus afin d’optimiser la prise en charge médicale et de ne pas omettre sa présence.
Surveillance
Lorsque l’hémorragie est stoppée, la victime doit être allongée sur le dos et l’on pourra surélever le membre concerné. La surveillance d’aval est régulière : coloration, chaleur, motricité si possible, sensibilité et pouls d’aval en cas de compression locale (dans les deux autres cas, le pouls d’aval est absent).Il faut toujours penser à couvrir la victime pour lutter contre l’hypothermie et administrer de l’oxygène au plus vite pour enrichir le volume sanguin restant.
Enfin, la surveillance des fonctions vitales de la victime repose sur la conscience, la fréquence respiratoire et la fré- quence cardiaque. Cette surveillance doit être régulière, environ toutes les 5 minutes, jusqu’à l’arrivée des secours.
Hémorragies extériorisées
Elles correspondent à l’écoulement de sang par les orifices naturels : épistaxis, hématémèse, hémoptysie, méléna, rectorra- gie, métrorragie, urétrorragie.Épistaxis
L’épistaxis est la plus fréquente des hémorragies extériorisées. Elle se définit comme l’écoulement de sang par les voies nasales, le plus souvent dû à une tache vasculaire sur la muqueuse nasale. Plusieurs études ont démontré que la majorité des individus ne connaissent pas les gestes de secourisme à effectuer en cas d’épistaxis. [url=#_bookmark34][/url]
Le premier geste à effectuer est le mouchage délicat pour évacuer les éventuels caillots de sang puis la victime s’installera assise, la tête penchée en avant en comprimant la narine du côté de l’épistaxis pendant 30 minutes environ.
Au terme de cette compression locale, soit l’épistaxis cesse et une simple surveillance suffira, soit l’épistaxis récidive et un méchage antérieur, voire postérieur, sera nécessaire ainsi qu’une consultation spécialisée en oto-rhino-laryngologie (ORL). [url=#_bookmark35][/url]
Hématémèse
En cas d’hématémèse, la victime doit être mise en position semi-assise et une surveillance régulière des différentes fonctions vitales doit être assurée. Le risque principal est l’installation rapide d’un choc hypovolémique due à la diminution brutale de la masse sanguine circulante.Autres hémorragies extériorisées
Les gestes de secourisme pour les autres causes d’hémorragies extériorisées reposent sur la position d’attente, une oxygéno- thérapie en cas de mauvaise tolérance et la surveillance des fonctions vitales de manière régulière.La position d’attente a pour but de soulager la victime et de la faire patienter : couchée, jambes fléchies pour les mélénas, rectorragies, urétrorragies et métrorragies ; assise ou semi-assise pour les hématémèses et les hémoptysies.
La surveillance des fonctions vitales doit être complétée par la recherche de signes de choc : tachycardie, hypotension artérielle, pouls filant, marbrures, extrémités froides, sueurs, soif. Les gestes de secourisme, dans de telles situations, visent à stabiliser l’état de la victime en attendant le relais par une
équipe de réanimation.
Hémorragies internes
Le saignement est occulte, ce qui rend le diagnostic parfois plus difficile. Les circonstances de l’événement : traumatisme, chute, permettent d’évoquer le diagnostic.Le second indicateur repose sur l’examen clinique de la victime. La recherche porte essentiellement sur la reconnais- sance de signes de détresse circulatoire : hypotension artérielle, tachycardie, pouls filant, marbrures, extrémités froides...
La prise en charge médicalisée de ces victimes doit se faire en urgence.
Le patient sera laissé en décubitus dorsal strict.
La surélévation des membres inférieurs, souvent préconisée,
plus, lors d’un collapsus cardiovasculaire, la vasoconstriction des membres inférieurs est importante et doit être respectée.
Cas particuliers
Section de membre
Le premier geste à effectuer est l’arrêt de l’hémorragie au plus vite. La compression locale est parfois réalisable et efficace, un tampon compressif peut suffire à stopper l’hémorragie. Si la compression locale s’avère inefficace ou impossible à réaliser, on met alors en place un garrot qui permet au secouriste de se libérer et autorise une prise en charge ultérieure de la victime plus aisée.Le point de compression à distance est envisageable et serait vraisemblablement efficace mais la technique s’avérera gênante pour assurer une surveillance correcte et la prise en charge médicalisée.
Dès que l’hémorragie est maîtrisée et la victime stabilisée, il faut s’occuper impérativement de la partie sectionnée du membre. Il s’agit d’un geste de secours impératif. La partie sectionnée sera recherchée et, une fois retrouvée, elle sera conditionnée dans un linge propre et mise dans un sac plasti- que ; ce dernier est introduit dans un autre sac plastique rempli de glaçons. L’heure de conditionnement doit être relevée car la réimplantation tiendra compte, entre autres, de ce critère.
Rupture de varice des membres inférieurs
En cas de rupture de varice, le geste de secourisme consiste à réaliser une compression locale relayée par un tampon compressif.Au premier contact téléphonique avec le patient ou son entourage, on conseillera, en supplément de la compression locale, de surélever le membre atteint pour vidanger la varice.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]