III. Les syndromes épileptiques A. Principes de la classification des épilepsies Ils reposent sur deux entrées, la distinction entre épilepsie
généralisée et focale, l’origine étiologique présumée ou certaine
(tableau 11.II).
Tableau 11.II. Classification internationale des épilepsies et syndromes épileptiques (1989)
(à titre d’information) 1. Épilepsies et syndromes épileptiques focaux
- 1.1. Idiopathiques, liés à l’âge
- Épilepsie bénigne de l’enfance à paroxysmes rolandiques
- Épilepsie bénigne de l’enfance à paroxysmes occipitaux
- Épilepsie primaire de la lecture
1.2. Symptomatiques Syndrome de Kojewnikow ou épilepsie partielle continue Épilepsies lobaires Épilepsies du lobe temporal Épilepsies du lobe frontal Épilepsies du lobe pariétal Épilepsies du lobe occipital
1.3. Cryptogéniques Lorsque l’étiologie reste inconnue, on parle d’épilepsie partielle cryptogénique.
2. Épilepsies et syndromes épileptiques généralisés
- 2.1. Idiopathiques, liés à l’âge, avec par ordre chronologique
- Convulsions néonatales familiales bénignes
- Convulsions néonatales bénignes
- Épilepsie myoclonique bénigne de l’enfance
- Épilepsie-absences de l’enfance
- Épilepsie-absences de l’adolescence
- Épilepsie myoclonique juvénile
- Épilepsie à crises Grand Mal du réveil
- Épilepsies à crises précipitées par certaines modalités spécifiques
2.2. Cryptogéniques ou symptomatiques avec, en particulier Spasmes infantiles (syndrome de West) Syndrome de Lennox-Gastaut Épilepsie avec crises myoclono-astatiques Épilepsie avec absences myocloniques
2.3. Symptomatiques 2.3.1. Sans étiologie spécifique Encéphalopathie myoclonique précoce Encéphalopathie infantile précoce avec suppression-bursts (Sd d’Ohtahara) Autres
2.3.2. Syndromes spécifiques De nombreuses étiologies métaboliques ou dégénératives peuvent entrer dans ce cadre.
3. Épilepsies dont le caractère focal ou généralisé n’est pas déterminé
- 3.1. Avec association de crises généralisées et partielles avec, en particulier
- Crises néonatales
- Épilepsie myoclonique sévère
- Épilepsie avec pointes-ondes continues pendant le sommeil lent
- Épilepsie avec aphasie acquise (syndrome de Landau-Kleffner)
3.2. Sans caractères généralisés ou focaux certains
4. Syndromes spéciaux
- 4.1. Crises occasionnelles, liées à une situation épileptogène transitoire
- Convulsions fébriles
- Crises uniquement précipitées par un facteur toxique ou métabolique
4.2. Crise isolée, état de mal isolé
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La distinction entre épilepsie généralisée et focale impose de
reconnaître, chez un même patient, les différents types de crises
pouvant ou non s’associer.
L’étiologie distingue :
une épilepsie idiopathique, indépendante d’une
lésion cérébrale. Elle se caractérise par des données cliniques et EEG
suffisantes pour la reconnaître sans apport de l’imagerie radiologique :
- des CE bien définies dont la survenue est liée à l’âge,
- un développement et un examen clinique normaux,
- des anomalies EEG paroxystiques intercritiques caractéristiques sur un rythme de fond normal,
- une prédisposition génétique réelle ou présumée,
un pronostic favorable : évolution spontanée vers la guérison ou
rémission facilement obtenue par une monothérapie et dans certains cas,
l’abstention thérapeutique;
une épilepsie symptomatique, qui résulte d’une
lésion diffuse ou focale, évolutive ou fixée, reconnue par la
radiologie ou le cas échéant, un déficit neurologique, une anomalie
biologique;
une épilepsie cryptogénique : cause occulte qui échappe aux investigations.
Pour classer, il est nécessaire de regrouper les informations suivantes :
- le(s) type(s) de CE, la recherche de CE associées, indépendantes de celle qui est la circonstance de découverte;
- les anomalies EEG intercritiques, éventuellement critiques;
- l’existence d’un déficit clinique, d’un arrêt ou d’un retard de développement chez l’enfant;
- les antécédents personnels et familiaux;
- les résultats neuroradiologiques centrés par le scanner ou mieux l’IRM.
B. Exemples d’épilepsie généralisée idiopathique (EGI) C’est la plus fréquente des épilepsies généralisées, de cause
non lésionnelle, d’origine génétique prouvée ou fortement suspectée, de
diagnostic électroclinique aisé et de traitement exclusivement médical
avec stabilisation des crises dans 80 à 90 % des cas.
Certains médicaments antiépileptiques sont formellement contre-indiqués et d’autres sont spécifiques à ce syndrome .
Une EGI associe ou non des absences simples et typiques, des
myoclonies massives, des CGTC ; selon la prédominance de l’un ou l’autre
type de crise, on distingue en particulier :
- l’épilepsie-absences :
- de l’enfant
: environ 10 % des épilepsies entre 3 et 12 ans. Un début plus
précoce est rare, un début plus tardif fait douter du diagnostic ; le
pic de fréquence se situe autour de 7 ans avec une prédominance
féminine. Les absences typiques sont inaugurales (100 et plus/jour),
facilement provoquées par l’hyperpnée. L’évolution est variable : bon
pronostic immédiat dans 80 % des cas, disparition des absences dès
l’institution d’un traitement et sans récidive. Mais dans 40 % des cas,
surviennent plus tard des CGTC isolées ou associées aux absences. Les
critères moins favorables sont un début tardif (après 8 ans), la
survenue chez les garçons, la résistance initiale au traitement, la
présence d’une photosensibilité,
- de l’adolescence ou absences juvéniles
: absences moins nombreuses, plus espacées dans le temps (donc de
diagnostic plus difficile), pronostic moins favorable, des CGTC
s’associent;
l’épilepsie avec CGTC du réveil : elle débute
souvent à l’adolescence,plus fréquente chez les filles. Les facteurs
déclenchants sont le manque de sommeil, l’absorption excessive d’alcool,
un réveil provoqué, la photosensibilité. La réponse au traitement est
quasi de règle;
l’épilepsie myoclonique juvénile bénigne (EMJ) :
elle débute à l’adolescence, souvent reconnue plus tardivement par la
survenue d’une CGTC. L’interrogatoire retrouve les secousses
myocloniques, en pleine conscience souvent peu après le réveil (signe de
la tasse de café du petit-déjeuner) et favorisées par les nuits
écourtées, les réveils brusques, la photosensibilité. Les myoclonies
peuvent précéder de plusieurs mois voire de plusieurs années la
spectaculaire CGTC. L’EEG intercritique est typique : polypointes-ondes
généralisées avec souvent photosensibilité. Le qualificatif de bénin
est attribué par opposition aux épilepsies myocloniques progressives et
en raison d’un contrôle rapide par une monothérapie. Notion de
pharmacodépendance : l’arrêt du traitement entraîne dans 90 % des cas
une récidive. L’EMJ est génétiquement déter minée : deux gènes majeurs
sont vraisemblables : sur le bras court du chromosome 6 et sur le bras
long du chromosome 15.
C. Exemple d’épilepsie partielle idiopathique (EPI) Une épilepsie partielle n’est pas forcément lésionnelle ; les
EPI sont âge-dépendantes (exclusivement chez les enfants et
adolescents), de diagnostic électroclinique très aisé, de pronostic
toujours favorable et un traitement médical est rarement indiqué.
En pratique,
l’ épilepsie à paroxysmes rolandiques (EPR) ou à pointes centrotemporales est la plus fréquente et la
plus typique. Elle estdeux fois plus fréquente que l’épilepsie
absences. Une CE morphéique chez un enfant normal est une EPR dans 50 %
des cas ; l’âge de début se situe entre 3 et 13 ans, avec une légère
prédominance masculine. De pronostic excellent, la guérison est de
règle vers 16 ans. La rareté des crises, leur brièveté, la survenue
nocturne permettent une abstention thérapeutique. Si un traitement est
indiqué, il doit être conduit en monothérapie avec arrêt vers l’âge de
16 ans. Ses caractères sont les suivants :
- survenue chez des enfants indemnes de toutes lésions cérébrales anciennes ou évolutives;
- CP simples de la région buccofaciale : clonies d’une
hémiface, paresthésies de la langue ou des gencives, hypersalivation,
impossibilité de parler, l’enfant restant conscient pendant toute la
crise. Elles peuvent s’étendre au membre supérieur ou se généraliser
secondairement;
- crises très liées au sommeil, attirant l’attention de l’entourage par des bruits de gorge;
- EEG intercritique : pointes centrotemporales lentes biphasiques, rythme de fond normal.
D. Exemples d’épilepsies partielles symptomatiques ou cryptogéniques Les aspects électrocliniques dépendent de la localisation du
réseau épileptogène. Elles sont classées selon le lobe anatomique.
Lorsque l’étiologie lésionnelle est identifiée par l’imagerie (scanner
ou IRM), elles sont dites symptomatiques ; lorsque la cause lésionnelle
est suspectée (focalisation clinique ou EEG, antécédents) mais non
reconnue par l’imagerie, elles sont dites cryptogéniques. Un traitement
chirurgical peut être proposé en cas de pharmacorésistance et selon des
critères de définition de l’origine des CE et d’opérabilité.
Parmi les épilepsies lobaires, la plus fréquente et la plus
aisément reconnaissable est l’épilepsie de la face interne du lobe
temporal : le traitement chirurgical permet une guérison dans 90 % des
cas.
L’épilepsie de la face interne (ou mésiale ou médiale) du lobe
temporal avec sclérose (ou atrophie hippocampique) est caractérisée
par desantécédents de convulsions fébriles compliquées, un début
pendant l’adolescence ou l’adulte jeune, par des CP simples et des CP
complexes à bien distinguer des absences ; les généralisations
secondaires sont rares en dehors de celles ayant conduit au diagnostic
initial (les CP pouvant être mal reconnues cliniquement). Les CE
nocturnes et morphéiques sont exceptionnelles.
La crise la plus typique correspond à la séquence
suivante : gêne épigastrique ascendante bien mémorisée par le malade à
laquelle font suite des symptômes décrits par l’entourage ; arrêt
psychomoteur avec fixité du regard, mâchonnement ample et lent
(chewing-gum), activité gestuelle simple (émiettement, frottement) et
attitude dystonique d’un membre controlatéral.
L’évolution se fait par la répétition des crises, souvent
groupées sur un ou plusieurs jours, entrecoupées d’intervalle libre de
durée variable. Les corrélations cliniques et EEG (EEG vidéo) permettent
de les localiser ; l’IRM montre une atrophie ou une sclérose
hippocampique. Cependant, les formes cryptogéniques ne sont pas rares.
E. Exemples d’épilepsies généralisées symptomatiques Elles sont graves en raison des caractéristiques des crises
(chutes fréquentes), de la pharmacorésistance quasi constante, de la
rareté des possibilités chirurgicales, et de leur intégration dans une
encéphalopathie (troubles cognitifs majeurs, déficits neurologiques,
troubles mentaux, etc.) ; elles débutent dès le plus jeune âge. Les deux
formes suivantes sont décrites.
1. Syndrome de West ou maladie des spasmes en flexion Il est rare (3/10 000 naissances). Il apparaît entre le 4e et le 7e mois et se manifeste par une triade :
- des crises : spasmes infantiles, en salves, trois fois plus souvent en flexion qu’en extension;
- une régression psychomotrice : enfant indifférent, qui ne
sourit plus, n’apprend plus rien, et perd même ensuite ses acquisitions
antérieures;
- un EEG pathognomonique : hypsarythmie (ondes très amples,
très lentes, pointes sans régularité, diffuses, permanentes,
interrompues lors des spasmes par un aplatissement transitoire).
Le syndrome de West est primitif une fois sur trois : le
pronostic n’est pas forcément péjoratif, si le traitement est entrepris
tôt. S’il est secondaire, le plus souvent à une encéphalopathie fixée,
déjà responsable d’un retard psychomoteur, quelquefois une maladie
métabolique ou une phacomatose (maladie de Bourneville), alors le
pronostic est catastrophique.
2. Syndrome de Lennox-Gastaut Il s’agit de l’une des formes les plus sévères des épilepsies
infantiles, il est classé dans les épilepsies généralisées
symptomatiques ou cryptogéniques ; l’âge de début se situe avant 8 ans,
le pic de fréquence entre 3 et 5 ans. Il est caractérisé par une triade
:
- des crises aussi évocatrices par leur type (crises
toniques, crises atoniques, absences atypiques) que par leur survenue
quotidienne et leur coexistence chez un même patient;
- des troubles mentaux, retard intellectuel, troubles de la
personnalité, troubles caractériels et parfois comportements autistiques
ou prépsychotiques;
- un EEG intercritique : pointes-ondes lentes (rythme de 1,5 à
2 par seconde) en bouffées bisynchrones plus ou moins symétriques,
très nombreuses sur un rythme de fond ralenti à l’état de veille.
S’ajoutent pendant le sommeil des décharges de rythmes rapides
recrutants correspondant à des crises toniques pathognomoniques au
cours du sommeil.
Le syndrome de Lennox-Gastaut est cryptogénique ou
symptomatique d’une atteinte cérébrale congénitale ou acquise ; il peut
faire suite à un syndrome de West. Le pronostic est sévère, les
différents traitements ne sont souvent que transitoirement efficaces.
Seuls certains cas cryptogéniques traités précocement peuvent évoluer
sans séquelle. Des périodes cycliques d’aggravation et de rémission
sont fréquentes indépendamment du traitement choisi.
F. Exemples de syndromes spéciaux : les convulsions infantiles Le terme de convulsion sous-entend que chez le jeune enfant il
est plus difficile de reconnaître les diverses catégories reconnues de
CE et que toute convulsion n’appartient pas forcément à l’épilepsie.
1. Convulsions fébriles « simples » D’excellent pronostic, elles surviennent après 1 an, résultent d’une susceptibilité génétique, âge-dépendante, à la fièvre :
- crises bilatérales, cloniques ou tonicocloniques durant
moins de 15 minutes, ne se répétant pas au cours d’un même épisode
fébrile, aucun signe de localisation critique ou postcritique;
- typiquement dans les 24 heures après l’installation de la
fièvre, lors de l’acmé ou de la défervescence thermique ; fièvre virale
dans 95 % des cas ; EEG sans intérêt dans cette situation.
L’administration d’antipyrétiques en cas de fièvre supérieure
ou égale à 38 °C est la mesure préventive essentielle. Un traitement
antiépileptique n’est indiqué que dans de rares cas, au-delà de la
troisième convulsion fébrile. Le risque d’épilepsie ne dépasserait pas
2,4 % des cas.
2. Convulsions fébriles « compliquées » Leurs critères de gravité sont les suivants :
- survenue avant l’âge de 1 an chez des sujets présentant souvent des antécédents familiaux d’épilepsie;
- asymétriques ou unilatérales, de durée supérieure à 15 minutes,
- en salves au cours d’un même épisode;
- déficit postcritique d’intensité variable et de durée inférieure à 48 heures.
La présence d’un seul de ces critères de gravité impose un
bilan neurologique : EEG, ponction lombaire et examen
neuroradiologique, un traitement antiépileptique prophylactique
(valproate), poursuivi 2 ans au moins après la dernière convulsion. Le
risque d’épilepsie ultérieure est directement proportionnel au nombre
des critères de gravité. Il est voisin de 50 % si trois au moins des
critères précédents sont réunis. Le risque de développer ultérieurement
une épilepsie de la face mésiale temporale serait directement corrélé à
la durée de la convulsion fébrile. En cas de convulsion fébrile
prolongée, le traitement d’attaque est le diazépam intrarectal à la
posologie de 0,5 mg/kg. Depuis l’utilisation des benzodiazépines dans
les convulsions compliquées, la fréquence de ce syndrome grave a
beaucoup diminué.
G. Exemples de syndromes révélés par des manifestations « non épileptiques » L’expression clinique est d’abord et surtout sous la forme
d’un déficit neuropsychologique, confusion fréquente avec d’autres
pathologies de l’enfant. Les deux formes les plus fréquentes sont le
syndrome de Landau-Kleffner et le syndrome de pointes continues du
sommeil (POCS).
Syndrome de Landau-Kleffner ou syndrome « aphasie acquise épileptique » : le début se situe entre 18 mois et 13 ans : aphasie sensorielle
(agnosie auditive verbale) avec troubles de la personnalité et
hyperkinésie ; le diagnostic différentiel est représenté par une
hypoacousie acquise ou un comportement autistique. L’EEG montre des
paroxysmes plurifocaux, activés par le sommeil, avec possibilité de
pointes-ondes continues au cours du sommeil lent. Les CE sont
inaugurales dans 50 % des cas seulement : CP simples ou complexes
parfois associées à des CGTC. Elles sont rares dans l’évolution du
syndrome et disparaissent généralement à la puberté. L’évolution n’est
bénigne que sur le plan de l’épilepsie, les séquelles
neuropsychologiques étant importantes.
Épilepsie avec pointes-ondes continues pendant le sommeil lent : apparaissant entre 2 et 6 ans, l’épilepsie est caractérisée par une évolution en trois étapes :
- vers 4 ans : crises sporadiques généralisées ou partielles plus souvent nocturnes;
- vers 8 ans : crises plus fréquentes avec stagnation voire
régression des acquisitions. EEG : activité de pointes-ondes continues
occupant au moins 85 % du tracé enregistré pendant le sommeil lent;
- vers 12 ans : guérison de l’épilepsie, amélioration des
performances intellectuelles, possibilité de déficits cognitifs
séquellaires parfois sévères. À l’exception des benzodiazépines, les
antiépileptiques usuels sont inefficaces ou ont un effet aggravant. La
thérapeutique la plus active est la corticothérapie au long cours.
IV. Étiologies des épilepsies A. Éléments du diagnostic étiologique Une CE n’est qu’un symptôme : réaction du cortex à
des agressions cérébrales variées (traumatiques, infectieuses,
vasculaires, toxiques, métaboliques, etc.), elle impose une recherche
étiologique qui n’aboutit pas forcément à la découverte d’une lésion ou
même d’une cause.
Toutes les CE n’ont pas la même valeur étiologique : la dichotomie CG/CP est importante mais n’est pas suffisante pour
distinguer les causes lésionnelles des autres ; une crise généralisée
ou « apparemment généralisée » peut témoigner d’une cause focale et une
CP peut être non lésionnelle.
Les étiologies des épilepsies résultent de la conjonction de facteurs génétiques et acquis. Les facteurs génétiques rendent compte d’environ 40 % des
épilepsies, mais seulement quelques-unes sont accessibles à un
diagnostic chromosomique et les autres sont rapportées à une origine
génétique par les données électrocliniques, le contexte familial, les
pathologies associées. Les causes génétiques ne sont pas l’apanage de
l’enfant ; elles peuvent être de révélation tardive. Les causes
acquises sont variées et peuvent s’exprimer tardivement par rapport à
leur origine.
Une CE s’intègre dans un syndrome épileptique : il faut savoir identifier une forme idiopathique et reconnaître une
forme symptomatique. Les formes idiopathiques sont âge-dépendantes et
de définition électroclinique précise : des explorations radiologiques
sont inutiles ; la définition génotypique est pour l’avenir. L’enquête
étiologique est considérablement simplifiée par l’imagerie ; les
indications du scanner et de l’IRM dépendent des possibilités d’accès
aux soins ; en cas d’épilepsie partielle pharmacorésistante, une IRM est
indispensable, souvent complétée par une étude du métabolisme cérébral
(Spect et Pet-scan).
B. Étiologies acquises 1. Tumeurs Elles sont rares chez l’enfant et l’adolescent, elles rendent
compte de 10 à 15 % des épilepsies de l’adulte ; des CE émaillent
l’évolution des tumeurs cérébrales supratentorielles dans 20 à 70 % des
cas : surtout celles d’évolution lente et qui impliquent précocement le
cortex (astrocytome de bas grade, oligodendrogliome, méningiome).
2. Causes vasculaires Elles regroupent les accidents ischémiques et hémorragiques et
les malformations vasculaires. Les crises peuvent apparaître avant,
pendant et après un AVC :
avant : soit des crises en rapport avec un
petit infarctus cérébral cortical ou témoin d’un AIT (ces crises
précursives, de quelques semaines à 1 ou 2 ans plus tôt, généralement
motrices focales, sont rares), soit des crises témoins d’une
malformation vasculaire (angiomes artérioveineux, cavernomes).
L’épilepsie peut être le seul témoin pendant de nombreuses années d’une
malformation vasculaire;
pendant : les CE sont plus fréquentes lors des
hématomes intracrâniens (5 à 25 % des cas) et des thrombophlébites
cérébrales que lors des infarctus (5 % des cas);
à distance : les CE s’installent après un délai
variable, de 2 ans en moyenne, plus souvent les AVC ischémiques (10 %
des cas) que les AVC hémorragiques (5 % des cas). Les CE sont
partielles ou secondairement généralisées. Les cicatrices corticales
séquellaires des AVC constituent une des étiologies les plus fréquentes
des épilepsies du sujet âgé.
3. Causes traumatiques Elles font distinguer les crises précoces, de la première
semaine suivant le traumatisme, et les crises tardives de mécanismes
différents ; les premières sont réactionnelles à une agression cérébrale
aiguë et constituent un facteur de risque d’une épilepsie ultérieure ;
les secondes correspondent à l’épilepsie post- traumatique (EPT) :
répétition spontanée de crises en rapport avec une lésion
post-traumatique. En pratique civile, l’EPT est rare, puisque deux tiers
des blessés avec plaie cranio-encéphalique ne deviendront pas
épileptiques. Dans environ 70 % des cas, l’épilepsie s’installe moins de
2 ans après le traumatisme, le risque diminuant ensuite
progressivement. Le délai de survenue est plus long chez l’enfant.
Toutes les formes cliniques de crises partielles et secondairement
généralisées peuvent s’observer. Le pronostic n’est pas proportionnel à
la gravité des lésions parenchymateuses initiales.
4. Causes infectieuses Elles sont responsables de CE à tous les âges de la vie. Les
infections parenchymateuses (encéphalites, méningo-encéphalites, abcès
cérébraux) sont particulièrement épileptogènes. L’encéphalite herpétique
peut se manifester par des CE partielles dans un contexte fébrile. La
neurocysticercose est la cause principale d’épilepsie dans les zones
tropicales.
5. Causes toxiques, médicamenteuses, métaboliques Elles sont responsables de CGTC, mais pas de crises partielles
; elles sont dominées par l’alcool, facteur classique de provocation
des crises chez un épileptique connu.
a. Causes toxiques L’ alcool éthylique peut entraîner des CE dans
trois situations. La prise excessive et inhabituelle d’une grande
quantité réalise « l’ivresse convulsivante » ; le sevrage, absolu ou
relatif, volontaire ou non, chez un éthylique chronique, peut entraîner
quelques heures à quelques jours après des crises convulsives
généralisées. Ces deux situations ne nécessitent pas la mise en route
d’un traitement antiépileptique chronique. La troisième situation
correspond à l’épilepsie alcoolique qui se caractérise par la
répétition spontanée de CE chez un alcoolique chronique en l’absence
d’autres explications : les crises sont peu fréquentes, généralisées,
rarement partielles ; des facteurs étiologiques ajoutés sont fréquents
(traumatiques, vasculaires). L’ épilepsie alcoolique peut nécessiter un
traitement spécifique.
Parmi les autres toxiques, il faut citer la cocaïne, les
amphétamines, l’intoxication par le plomb, le manganèse, les
organophosphorés.
b. Causes médicamenteuses Les psychotropes peuvent déclencher des CE par imprégnation
chronique (imipraminiques, fluoxétine), par surdosage (lithium,
antidépresseurs) ou par sevrage (benzodiazépines, barbituriques). Des
EDME sont possibles. Certains médicaments non psychotropes sont dits
convulsivants et donc à utiliser avec prudence, en renforçant le
traitement antiépileptique, ou à éviter chez l’épileptique :
théophilline, ciclosporine, isoniazide, méfloquine.
c. Causes métaboliques Les hypoglycémies s’expriment facilement par des CGTC, comme
l’hypocalcémie, l’hyponatrémie ; les hyperglycémies avec hyperosmolarité
donnent volontiers une symptomatologie déroutante avec des CP
sérielles. Les myoclonies sont classiques au cours de l’insuffisance
rénale. Chez le nouveau-né, les causes métaboliques et les déficits en
vitamines B sont de recherche systématique ; la persistance de
convulsions conduit à injecter, par voie intraveineuse, sous contrôle
EEG, 50 à 200 mg de vitamine B6.
6. Anomalies du développement cortical Mieux connues depuis l’IRM, elles sont une cause très
fréquente d’épilepsie pharmacorésistante. Celle-ci, de gravité très
variable, peut débuter à tout âge. Selon le type de la malformation,
sont retrouvés ou non un retard mental, des signes neurologiques diffus
ou focaux, des antécédents familiaux. Leur point commun est de
correspondre à une erreur de la migration neuronale (dysplasie
corticale) responsable de neurones anormaux, avec ou non réaction
gliale (hétérotopies, lissencéphalies, pachygyrie, etc.).
V. Conduite à tenir en pratique A. En présence d’une crise généralisée tonicoclonique Les personnes épileptiques portent sur eux une carte sur laquelle sont précisés les conseils suivants :
- Ce qu’il faut faire :
- Dégagez l’espace autour de moi
- Protégez ma tête (coussin ou vêtement replié sous la tête)
- Desserrez mes vêtements (col, ceinture)
- Éventuellement, enlevez mes lunettes
- Dès que possible, m’allonger sur le côté
- Attendre mon retour à la conscience
- Avertir les secours (15 ou 18) si la crise se prolonge plus de 5 min
Ce qu’il ne faut pas faire :
Ne me déplacez pas pendant la crise si ce n’est pas indispensable
N’entravez pas mes mouvements
Ne mettez rien dans ma bouche
Ne me donnez rien à boire
L’administration d’un médicament antiépileptique (MAE) en
urgence n’est pas justifiée après une crise isolée. Si un deuxième
épisode survient dans les minutes suivantes, en pratique lorsque les les
secours sont présents, une injection d’un MAE est utile pour prévenir
la récurrence des crises : une injection IM de 10 mg de diazépam
(Valium®). L’injection IV est d’efficacité plus rapide mais devra être
réalisée lentement chez un adulte avec une fonction respiratoire
normale.
B. CE survenant chez un épileptique connu Une hospitalisation n’est pas indispensable.
Si la CE est
identique à celle qui affecte habituellement le patient, il faut rechercher :
- un facteur favorisant (manque de sommeil, prise d’alcool ou de toxique, fièvre, etc.);
- une mauvaise observance thérapeutique ou interférence
médicamenteuse (contrôle du taux sanguin si le dosage est possible : il
ne l’est pas pour tous les antiépileptiques nouveaux).
Une nouvelle crise peut être l’occasion d’un réajustement des doses ou d’un changement d’option thérapeutique.
Si la crise est
différente de celle que le patient présente habituellement, il est nécessaire :
- de reconsidérer le diagnostic syndromique;
- de vérifier la recherche étiologique (scanner ou IRM en cas
de crise partielle), d’autant plus si l’examen neurologique révèle des
signes de focalisation.
C. CE survenant dans un contexte d’agression cérébrale aiguë En cas de pathologies lésionnelles aiguës (traumatique, vasculaire, infectieuse, tumorale, etc.), les crises sont
partielles, partielles secondairement généralisées, ou plus souvent
d’apparence généralisée tonicoclonique. Le traitement de ces crises est
étiologique. La prescription d’un MAE pendant la phase aiguë n’est pas
systématique : il est possible d’administrer par exemple une
benzodiaziépine par voie orale ou par voie IV avec relais ultérieur par
un MAE sur une durée de quelques mois après l’épisode aigu.
En cas de pathologie non lésionnelle (toxique,
métabolique, etc.), les CE sont généralisées tonicocloniques. Une CP ou
une CP secondairement généralisée doivent faire rechercher une
pathologie lésionnelle éventuellement associée (faire un scanner). Le
traitement est exclusivement celui de la cause.
D. Première crise d’apparence isolée ou dite crise spontanée L’interrogatoire du malade et des témoins recherche d’autres
types de crise, relève les antécédents personnels et familiaux pouvant
orienter vers un syndrome épileptique.
L’examen clinique recherche une focalisation neurologique, un syndrome méningé ou une affection médicale non patente.
Une CE, et notamment des CPC dans un contexte fébrile imposent une PL (ponction lombaire, méningo-encéphalite).
Une CE dans un contexte d’une céphalée aiguë impose une PL (hémorragie méningée).
Un bilan biologique standard n’est indiqué que si un trouble
métabolique ou une origine toxique est suspecté (glycémie, électrolytes,
fonction rénale et hépatique, alcoolémie).
L’EEG a une rentabilité diagnostique supérieure s’il est
réalisé en l’absence de MAE (notamment de benzodiazépine) et dans les
24 à 48 heures succédant l’épisode aigu.
Un scanner est indiqué devant toute CE inaugurale, isolée, ne
s’intégrant pas d’emblée et de façon évidente dans un syndrome
épileptique non lésionnelle : en pratique seules l’épilepsie-absences,
l’EMJ, l’EPR ne le justifient pas. Le scanner peut être pratiqué à
distance de la crise si l’examen neurologique est normal. En pratique,
la situation d’urgence de la survenue d’une première CE le fait réaliser
rapidement.
Les indications de l’IRM ne sont pas obligatoirement
complémentaires de celles du scanner. Les possibilités d’accès à l’IRM
peuvent faire réaliser cet examen en première intention. Si le scanner
est réalisé en premier, une IRM est indiquée en cas de doute ou si cet
examen se révèle normal notamment en cas de CP. L’IRM pourra être
effectuée à distance.
E. Après le bilan d’une première crise épileptique La discussion de traiter ou non dès la première crise ne se
pose qu’en cas de CGTC car le risque de récidive est difficile à
estimer, l’efficacité du traitement impossible à déterminer mais, à
l’inverse, les conséquences sociales et psychologiques de l’« étiquette
épileptique » sont certaines. L’indication de traiter une première
CGTC spontanée peut être licite :
- en l’absence de facteur déclenchant;
- en présence de paroxysmes EEG intercritiques;
- selon le vécu de la première crise et de ses conséquences
directes (chutes, blessures, traumatisme crânien, luxation d’épaule,
tassement vertébral, etc.);
- selon l’âge (risque des chutes chez les personnes âgées), la profession (à risques ou non);
- selon l’anxiété et la demande du malade.
La décision de traiter dès la première crise est immédiate
pour tous les autres types de crises : absences, myoclonies, crises
partielles symptomatiques ou non car elles se caractérisent par leur
propension à récidiver ; la seule exception en pratique est l’EPR.
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