Pendant le mois sacré du Ramadan, de nombreux musulmans jeûnent pendant la journée. Pour être sûr de rester en bonne santé tout en se privant de manger et de boire, il est primordial pour les personnes âgées de faire attention à ce que l'on consomme avant, pendant et après le jeûne.
La clé du repas d'avant l'aube, est de constituer des réserves d'énergie pour tenir bon pendant la journée avec des glucides (sucres) non raffinés. Lorsors de la rupture du jeûne à ‘’l'iftar’’, il est important de manger beaucoup d'aliments rassasiants mais sans excès... CE QUI EST LOIN D'ËTRE TOUJOURS LE CAS !
Le ramadan est en général sans danger pour les pratiquants et l’âge n’est pas en soi un obstacle à son bon respect. Il existe des contre-indications absolues (quelque soit l’âge) en cas de diabète traité à l'insuline et non équilibré, d'insuffisance rénale, de maladie cardiaque... et de toute autre pathologie ne supportant pas un jeûne même court (en particulier certaines maladies auto-immunes et certaines maladies rares). Il est sage, en tout état de cause, de faire le point avec son médecin traitant pour ne pas mettre sa santé en péril, et de faire preuve de responsabilité, surtout après 75 ans où le jeûne est plutôt à déconseiller. Les personnes âgées de plus de 60 ans (ainsi que leur entourage) doivent par contre savoir que leurs « paramètres » physiologiques, très différents d’une personne plus jeune, les oblige à plus de vigilance.
Passons en revue toutes ces évolutions du corps et ce qu’elles impliquent.
SOMMAIRE :
I/ Le manque d’appétit fréquent chez la personne âgée : un risque de dénutrition lors du Ramadan, II/ Une grande vigilance à observer à l’égard des troubles de l’hydratation, III/ Attention à la fonte du capital musculaire, IV/ Une qualité du sommeil à préserver, V/ Les médicaments et le jeûne: un arbitrage raisonnable entre deux éléments contradictoires, VI/ Les principales recommandations à retenir, Bibliographie,
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Les personnes âgées ont souvent tendance à diminuer leur apport alimentaire sans que leurs besoins énergétiques ne soient réduits. Ce manque d’appétit qui survient avec l’âge est en partie dû notamment à l’altération des perceptions des odeurs et du goût (qui stimulent ainsi moins). La capacité discriminative s’affaiblit d’où une difficulté à identifier et apprécier les aliments. Le seuil de détection des 4 saveurs de base est ainsi augmenté en moyenne de 11,6 fois pour le salé, 7 pour l’amer, 4,3 pour l’acide et 2,7 pour le sucré par rapport à un individu jeune !
Contrairement aux idées reçues, les besoins énergétiques de la PA sont presque identiques à ceux de l’adulte jeune : 2000 kcal/j pour l’homme et 1800 kcal/j pour la femme contre respectivement 2800 et 2200 à 30 ans. De ce fait, la conjonction d’une baisse de l’appétit et l’observation de longues heures de jeune peut compromettre l’état nutritionnel de la PA et mener à une spirale de conséquences fâcheuses. La PA ne doit donc pas restreindre sa consommation alimentaire habituelle après la rupture du jeûne sans d’ailleurs verser dans des excès tout aussi nocifs (quelque soit l’âge !)
II/ Une grande vigilance à observer à l’égard des troubles de l’hydratation
La PA a tendance naturellement à baisser ses apports en eau, le seuil de perception de la soif s’émoussant aussi avec l’âge. Les pertes en eau de la PA sont aussi plus importantes à cause de la plus forte résistance du rein à l’action d’une substance qui limite les pertes en urine (l’hormone antidiurétique). De plus, les mécanismes de régulation sont moins bien assurés, et l’élimination des surplus de sucre ou de sodium s’accompagne d’une plus grande perte en eau. L’équilibre hydrique est également menacé par certains médicaments (diurétiques, neuroleptiques…).
Pour toutes ces raisons, les besoins en eau de boisson sont toujours plus élevés chez la PA que l’adulte jeune (1,7 l/j contre 1,5l/j), d’autant plus que les signes d’une déshydratation, en particulier lors du ramadan, sont souvent tardifs et pas toujours faciles à interpréter. Ainsi, des manifestations de somnolence brusque, de troubles neuromusculaires, de constipation… ou d’accélération du rythme cardiaque doivent conduire à une réhydratation d’urgence… et cela sans perdre son temps à « discuter » de la part de la personne et/ou de son entourage.
III/ Attention à la fonte du capital musculaire
Le capital musculaire diminue chez la PA, ce qui aggrave l’état nutritionnel et d’hydratation. Les réserves en eau (73% de l’eau totale du corps sont stockés dans les muscles) baissent en effet corrélativement à la diminution de la masse musculaire (17% du poids du corps à 70 ans contre 30% à 30 ans). Ce phénomène, la sarcopénie, a des répercussions considérables par les faiblesses qu’il provoque : risques infectieux par baisse des réserves protéiques nécessaires aux défenses immunitaires, chutes et fractures éventuelles compromettant l’autonomie de la PA…
Pour éviter l’aggravation de la fonte musculaire, l’apport nutritionnel conseillé en protéines animales (viandes, poissons …) et/ou végétales (amande, pistache, noix de cajou, haricots rouges, lentilles, pois chiches, pois cassés, champignons, dattes et figues séchées, céréales…) et en particulier lors du ramadan, doit être supérieur à celui de l’adulte jeune : 1 à 1,2 contre 0,8 à 1g/kg/j, soit 12 à 15 % des nutriments.
IV/ Une qualité du sommeil à préserver
Le sommeil se modifie avec l’âge tant par sa structure que par sa qualité. Son temps total diminue et il devient moins efficace car plus fragmenté par des réveils nocturnes fréquents. L’observation du ramadan ne doit pas se faire en complète rupture avec une bonne hygiène de vie et donc de sommeil.
Il faut donc, autant que possible, essayer de conserver une heure de coucher et de lever régulière, de consacrer une heure de sont temps l’après-midi, à une sieste réparatrice, de pratiquer une activité physique et de s’exposer (sans excès) à lumière naturelle durant la journée. Les boissons contenant des excitants (café, thé) ainsi que le tabac sont à éviter ou à consommer de façon minime. Pas non plus d’abus de nourriture toute la nuit qui vont ensuite perturber ce sommeil. La bonne règle en ce domaine est de prendre un petit déjeuner très consistant avant le lever du soleil, de faire un repas léger au moment de la rupture et d’en faire un autre 3 heures après.
V/ Les médicaments et le jeûne: un arbitrage raisonnable entre deux éléments contradictoires
Les médicaments restent en plus grande quantité et plus longtemps dans l’organisme d’une personne âgée. Leur élimination rénale ralentie, leur accumulation dans les graisses et leur passage plus agressif dans le cerveau rendent de fait les PA beaucoup plus fragiles face aux médicaments. Ainsi, le paracétamol s’élimine deux fois plus lentement, le diazepam (valium), quatre fois plus lentement : il faut 80 heures - 3 jours ! - pour éliminer la moitié de la dose donnée de ce dernier médicament qui, avec une prise quotidienne, peut s’accumuler jusqu’à l’intoxication.
L’observance du ramadan se révèle ainsi toujours problématique face à la prise de médicaments, même anodins en apparence. Surtout quand on sait que l’intoxication médicamenteuse est responsable d’un tiers des hospitalisations des PA dans les pays développés ! Une étude réalisée en France en 2015 par l’association et revue renommée Que Choisir a même montré que 40 % des prescriptions médicales pour les PA étaient inappropriés et donc potentiellement dangereuses ! Il faut donc toujours consulter son médecin sur la bonne prise de son traitement lors du ramadan.
La bonne perception de tous ces risques que connaissent les PA, de par leurs changements physiologiques, lors du ramadan, n’est aussi malheureusement encore pas toujours bien appréhendée par l’ensemble des professionnels de santé au Maroc. La gériatrie, c'est-à-dire la médecine de la personne âgée et de ses maladies, n’est apparue en effet que très récemment dans notre pays, avec la décision du ministère de la Santé, dans les années 2000, d’envoyer en France une quinzaine de spécialistes en médecine interne pour acquérir cette formation en gériatrie. C’est donc encore une science médicale presqu’inconnue du grand public, même si plusieurs dizaines de médecins généralistes ont aussi maintenant une orientation « gériatrie », grâce à des formations complémentaires.
VI/ Les principales recommandations à retenir :
Pour jeûner en toute sérénité, Il est fortement conseillé à la personne âgée de :
- consulter son médecin avant toute décision d’observer ou non le ramadan et sur la prise de ses médicaments (pas d’auto-médication !);
- ne pas diminuer sa consommation alimentaire habituelle ;
- veiller à consommer une bonne ration de protéines ;
- bien boire (1,7 litre par jour au minimum en moyenne) ;
- adopter autant que possible de nouvelles heures de sommeil identiques et régulières d’un jour à l’autre ;
- prendre un petit déjeuner très consistant avant le lever du soleil, faire un repas léger au moment de la rupture et en faire un autre 3 heures après.
Bon ramadan à tous et, si vous êtes âgé, soyez toujours vigilant à ne pas dépasser les exigences physiologiques de votre corps !
Casablanca Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار
اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة
Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie, Ex - interne aux Hôpitaux de Paris (Hôpital gériatrique Charles Foy)
Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc رئيسة ائتلاف الأمراض النادرة المغرب
Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)
رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية
Pour en savoir plus : Bibliographie, L’Alliance des Maladies Rares et son combat en faveur des personnes atteintes de maladies rares
Bibliographie
- Moussayer K. Nutrition et personnes âgées, Quand on avance en âge, mieux vivre c’est mieux se nourrir Doctinews N° 25 Août/Septembre 2010 http://www.doctinews.com/component/content/article/39-dossier/251-nutrition-et-personnes-agees-lquand-on-avance-en-age-mieux-vivre-cest-mieux-se-nourrirr
- Moussayer K . Seuil de la vieillesse : comment le déterminer Doctinews N° 91 Août-Septembre 2016
https://www.doctinews.com/index.php/doctinews/institutionnel/item/5078-seuil-de-la-vieillesse
- Halte à l’overdose pour les personnes âgées ! Que Choisir Santé 28/01/2015
https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-medicaments-halte-a-l-overdose-pour-les-personnes-agees-n14033/
- 30% des hospitalisations chez les personnes âgées liées à une médication inappropriée, Communiqué Université catholique de Louvain (UCL) 30 septembre 2016
[url=https://cdn.uclouvain.be/public/Exports reddot/ac-arec/documents/30-09-2016_cp_A_Spinewine_medication_inappropriee_pers_agees.pdf]https://cdn.uclouvain.be/public/Exports%20reddot/ac-arec/documents/30-09-2016_cp_A_Spinewine_medication_inappropriee_pers_agees.pdf[/url]
- Personnes âgées : Questions à Khadija Moussayer, Spécialiste en gériatrie Par Aziza Belouas, 2 Fév, 2017https://www.lavieeco.com/news/societe/personnes-agees-questions-a-khadija-moussayer%E2%80%85specialiste-en-geriatrie.html
L’Alliance des Maladies Rares au MAROC et son combat en faveur des personnes atteintes de maladies rares
L’Alliance a pour missions de faire connaître et reconnaître les maladies rares auprès du public, des professionnels de santé et des pouvoirs publics en informant sur leurs enjeux scientifiques, sanitaires et sociaux, par tous les moyens : presse écrite, télévision, radio, sites internet et réseaux sociaux.
Elle a également pour objectifs de contribuer à l’information des médecins en organisant des colloques thématiques sur les maladies rares. Elle œuvre à aider à la création d’associations de malades dédiées à chaque maladie rare et à améliorer l’accès au diagnostic et aux soins des maladies rares par la mise en place de centre de référence et de compétence et par une prise en charge réellement efficaces en inscrivant ces troubles comme des affections de longues durées (ALD)
L’Alliance des Maladies Rares (AMRM) a été créée en 2017. Elle s’est inspirée des modèles des pays plus développés, où des associations de malades atteints de maladies rares et des malades dépourvus d’association se sont unis depuis plusieurs années en « Alliance », telles la France avec l’Alliance des Maladies Rares ou la Suisse avec Proraris.
L’Alliance se donne par ailleurs pour but de contribuer à la création par les malades eux-mêmes d’associations spécifiques comme elle l’a fait par exemple pour : l’association marocaine des malades d’angioœdèmes (AMMAO) ou l’association pour les personnes atteintes de rachitisme vitamino résistant hypophosphatémique (RVRH-XLH).
L’Alliance au Maroc collabore déjà étroitement avec beaucoup d’autres associations œuvrant sur une pathologie particulière comme l’Association de solidarité avec les enfants de la lune Maroc, l’Association Marocaine de Mucoviscidose, l’association des amis des myasthéniques (AAMM), l’association marocaine du syndrome de Rett (AMSR), l’association SOS Pku …
L’Alliance entretient aussi des relations d’amitié, de solidarité et de collaboration avec de nombreuses associations et organisations mondiales de malades à travers le monde comme : l’Alliance des maladies rares française, l’association française de Gougerot-Sjögren (AFGS) et le réseau international du Gougerot-Sjögren ou encore l’organisation world’s Hereditary Angioedema (HAEi)…
L’Alliance a noué également des relations informelles avec des ONG dans le monde arabe (Algérie, Tunisie, Liban, Egypte…) et en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Congo, Gabon…).
L’Alliance AMRM enfin organise régulièrement de nombreuses manifestations au Maroc, comme les journées des maladies rares fin février pour célébrer la journée mondiale de ces pathologies, des forums associatifs, des conférences seules ou en partenariat, des événements divers (séminaires, marches, concert) ...
L’ALLIANCE ET LES MALADIES RARES : DES PARTENARIATS AVEC BEAUCOUP D' ASSOCIATIONS
L’ALLIANCE travaille au quotidien avec beaucoup d’associations marocaines. Elle a de plus signé des conventions de partenariat « stratégiques » avec 12 associations de patients : 1/Association de syndrome de Rett (AMSR) , 2/ Association de Solidarité avec les Enfants de la Lune au Maroc (A.S.E.L.M.) , 3/ Association de l’amyotrophie spinale (SMA) , 4 / association SOS Pku , 5/ association marocaine des malades d’angioedème héréditaire (AMMAO) , 6/ Association Marocaine pour la Santé de l’Enfant et de la Mère (AMSEM) , 7/ Association S.O.S Marfantime (S.O.S.M.) , 8/Association Prader Willi Maroc (P.W.M.) , 9/ Association Flamme d'Espoir pour les Autistes et les Patients atteints de la PKU , 10/ Association marocaine pour les enfants souffrant d’ostéoporose (Ostéogenèse imparfaite) A.M.E.O.S , 11/ Association Marocaine de Mucoviscidose (AMM) , 12/ Association Fragile X Maroc (FxMa) .
LE BUREAU DE AMRM:Présidente : Dr Khadija Moussayer
Vice –Présidente : Dr Fouzia Chraibi
Secrétaire général : Dr Mounir Filali
Secrétaire général adjoint : M Mohammed Elaidi
Trésorière : Mme Najat Kababi
Trésorière adjointe : Mme Fatima Lahouiry
Conseillers : Mme Salima Benajiba, Dr Zaina Scarby, M. Mustapha Mokhatar, Mme Ouafa Cherkaoui, Dr Chafiq Tahiri, M. Hicham Missaoui
et M. Habib Elghazaoui
Responsable relations et coordination avec les assocations partenaires : M. Abdelhak Kababi