.:Accidents vasculaires cérébraux:.
Nationaux
- Diagnostiquer un accident vasculaire cérébral.
- Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge.
- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
- Décrire les principes de la prise en charge au long cours.
CEN
Connaissances requises
Objectifs d’identification clinique et paraclinique :
- citer les arguments cliniques généraux du diagnostic d’AVC ;
- citer les deux types d’AVC (ischémique versus hémorragique), leur fréquence relative et les données de l’imagerie cérébrale (scanner et IRM) permettant de les distinguer ;
- décrire les principaux éléments cliniques d’un infarctus des artères cérébrales moyenne, antérieure, postérieure, d’un syndrome alterne ; décrire la sémiologie clinique du syndrome de Wallenberg ;
- définir l’accident ischémique transitoire et citer les principaux diagnostics différentiels.
Objectifs de prise en charge diagnostique et thérapeutique :
- expliquer le principe de la pénombre ischémique et ses implications pour la prise en charge en urgence de l’infarctus cérébral ;
- énoncer les principes de prise en charge des infarctus cérébraux à la phase aiguë ;
- connaître l’urgence de la prise en charge d’un accident ischémique transitoire ;
- citer les principales causes d’infarctus cérébral et leur fréquence relative ;
- énumérer, en les hiérarchisant, les examens complémentaires utiles au diagnostic étiologique d’un infarctus cérébral ;
- énumérer les arguments du diagnostic de dissection d’une artère à destinée cérébrale ;
- énumérer les arguments du diagnostic de thrombophlébite cérébrale ;
- connaître les principales causes d’hémorragie cérébrale et les examens complémentaires utiles à leur identification.
Objectifs de prévention :
- citer les facteurs de risque des deux types d’AVC et leur importance relative ;
- connaître les risques vasculaires ultérieurs après un AVC (récidive, risque cardiaque) ;
- énumérer les mesures de prévention secondaire après un AVC ;
- énoncer les indications et risques des médicaments antithrombotiques et de la chirurgie carotidienne en prévention primaire et secondaire des infarctus cérébraux.
Objectifs pratiques
- Chez des patients réels ou simulés présentant un infarctus cérébral ou une hémorragie cérébrale :
- conduire l’interrogatoire et l’examen clinique ;
- hiérarchiser les examens complémentaires utiles au diagnostic ;
- proposer une stratégie d’examens complémentaires à la phase aiguë et des mesures de prévention secondaire.
- Chez un patient réel ou simulé ayant fait un AIT :
- Conduire l’interrogatoire ;
- discuter les arguments en faveur du diagnostic ;
- proposer un plan d’investigations et de prise en charge en en indiquant l’urgence.
- Sur des cas vidéos typiques, évoquer le diagnostic d’AIT.
I. Pour comprendre
- Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont caractérisés par la survenue brutale d’un déficit neurologique focal.
- Ils affectent environ 150 000 patients par an dont environ un quart de récidive.
- Les AVC surviennent dans 75 % des cas chez des patients âgés de plus de 65 ans.
- L’AVC est une pathologie fréquente et potentiellement grave qui constitue une urgence médicale et, parfois, chirurgicale.
- Le terme d’AVC regroupe l’ensemble des pathologies vasculaires cérébrales d’origine artérielle ou veineuse, à savoir :
- les ischémies cérébrales artérielles (80 %) :
- transitoires : accident ischémique transitoire (AIT) ;
- constituées : infarctus cérébraux ;
- Environ un quart des hémorragies cérébrales (5 % de tous les AVC) correspondent à une hémorragie méningée, dont la prise en charge est totalement différente (neurochirurgie ou radiologie interventionnelle).
Les AVC représentent :
- la première cause de handicap moteur acquis de l’adulte ;
- la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer ;
- la troisième cause de décès après les maladies cardiovasculaires et les cancers.
- L’amélioration du pronostic dépend de la qualité de la prévention primaire et secondaire et de la rapidité de prise en charge diagnostique et thérapeutique à la phase aiguë.
- Le fonctionnement cérébral nécessite un apport sanguin constant en oxygène et en glucose. En raison de l’absence de réserve en ces deux substrats, toute réduction aiguë du flux artériel cérébral sera responsable d’une souffrance du parenchyme cérébral situé dans le territoire de l’artère occluse. L’étendue de la zone ischémiée dépendra de la mise en jeu de systèmes de suppléances artérielles et de leur qualité (cf. Annexe 1). Ainsi, en cas d’infarctus cérébral, il existe :
- une zone centrale, où la nécrose s’installe immédiatement ;
- une zone périphérique, dite « zone de pénombre » (fig. 28.1), où les perturbations tissulaires sont réversibles si le débit sanguin cérébral est rétabli rapidement (premières heures) : cette zone constitue la cible des traitements d’urgence de l’ischémie cérébrale.
- L’ischémie cérébrale peut être la conséquence de deux mécanismes différents :
- thrombotique ou thromboembolique (le plus fréquent) : occlusion artérielle ;
- hémodynamique (rare) :
- chute de la perfusion cérébrale sans occlusion, à l’occasion d’un effondrement de la pression artérielle : régionale (sténose aiguë artérielle pré-occlusive sur athérosclérose par hématome sous-plaque, dissection), systémique (arrêt cardiaque) ;
- en cas de mécanisme hémodynamique, l’infarctus cérébral touche volontiers une zone jonctionnelle entre deux territoires (perfusion de « dernier pré »).
Fig. 28.1 - Évolution de la zone de l’ischémie cérébrale en l’absence de recanalisation. (Dessin d’Hélène Fournier)
II. Clinique des AVC
Un AVC doit être évoqué devant un :- déficit neurologique :
- seules les pertes de fonctions (motricité, sensibilité, vision, audition, langage…) sont à prendre en compte ;
- toute manifestation productive (clonies, phosphènes, douleurs…) doit faire remettre en question le diagnostic ;
- focal : la perte de fonction correspond à la lésion d’une structure anatomique cérébrale donnée (cf. corrélations anatomo-cliniques en cours de sémiologie) ;
- d’apparition brutale :
- le plus souvent le déficit neurologique focal apparaît sans prodromes et est d’emblée maximal ;
- plus rarement, le déficit peut connaître :
- une aggravation rapide sur quelques minutes (aggravation en « tache d’huile » de l’hémorragie intraparenchymateuse) ;
- des paliers d’aggravation successifs (sténose artérielle préocclusive) ;
- des fluctuations initiales (lacune) ;
La nature ischémique ou hémorragique d’un AVC peut être évoquée en fonction :
- des données épidémiologiques (fréquence plus importante des infarctus cérébraux) ;
- du contexte :
- affection cardiaque emboligène connue (valvulopathie, trouble du rythme) ou des manifestations antérieures de maladie athéroscléreuse (coronaropathie, artériopathie des membres inférieurs) → infarctus cérébral ;
- trouble de la coagulation → hémorragie intraparenchymateuse ;
- des données cliniques :
- correspondance à un territoire artériel → infarctus cérébral ;
- symptomatologie d’HTIC associée précoce → hémorragie intraparenchymateuse.
A. Infarctus cérébraux constitués
On distingue (tableau 28.1) :- infarctus cérébraux de la circulation antérieure : carotidiens (artère ophtalmique, cérébrale antérieure, cérébrale moyenne) ;
- infarctus cérébraux de la circulation postérieure : vertébrobasilaires (artères vertébrales, cérébelleuses et cérébrales postérieures) ;
- petits infarctus profonds (ou « lacunes ») ;
- infarctus cérébraux jonctionnels, aux confins de deux territoires artériels.
Tableau 28.1 - Principales manifestations cliniques des infarctus cérébraux en fonction des territoires artériels.
Circulation antérieure | Artère ophtalmique | Cécité monoculaire |
Artère cérébrale antérieure | Déficit moteur à prédominance crurale Syndrome frontal | |
Artère cérébrale moyenne superficielle | Déficit moteur à prédominance brachiofaciale Aphasie Héminégligence | |
Artère cérébrale moyenne profonde | Hémiplégie proportionnelle | |
Circulation postérieure | Artère cérébrale postérieure | Hémianopsie latérale homonyme Hémianesthésie |
Territoire vertébrobasilaire | Syndrome alterne (Wallenberg) Syndrome cérébelleux Infarctus médullaire cervical |
1. Infarctus cérébraux carotidiens
Les symptômes déficitaires moteurs et sensitifs sont controlatéraux à la lésion cérébrale. Exception : l’occlusion de l’artère ophtalmique, qui provoque une cécité homolatérale.Infarctus cérébraux sylviens (territoire de l’artère cérébral moyenne)
Ce sont les plus fréquents (++). On les différencie en infarctus cérébral superficiel, profond ou total.
Infarctus cérébral sylvien superficiel
- Hémiplégie à prédominance brachiofaciale (++).
- Troubles sensitifs dans le territoire paralysé.
- Hémianopsie latérale homonyme.
L’atteinte de l’hémisphère majeur comporte :
- aphasie motrice et non fluente (Broca) en cas d’infarctus antérieur (atteinte du pied de la 3e circonvolution frontale : zone de Broca) ;
- aphasie sensorielle et fluente (Wernicke, aphasies de conduction) en cas d’infarctus postérieur (atteinte temporale postérieure : zone de Wernicke) ;
- apraxie : idéomotrice et idéatoire (atteinte pariétale).
- L’atteinte de l’hémisphère mineur se manifeste par un syndrome d’Anton-Babinski : –anosognosie (non-reconnaissance du trouble) (+) ;
- hémiasomatognosie (non-reconnaissance de l’hémicorps paralysé) (+) ;
- héminégligence (spatiale, motrice de l’hémicorps controlatéral et visuelle de l’hémichamp controlatéral, gênant la rééducation).
Infarctus cérébral sylvien profond
- Hémiplégie massive proportionnelle (atteinte de la capsule interne).
Infarctus cérébral sylvien total
Associe des signes d’infarctus cérébral superficiel et profond :
- hémiplégie massive proportionnelle + hémianesthésie + hémianopsie latérale homonyme ;
- aphasie globale en cas d’atteinte de l’hémisphère majeur ;
- déviation conjuguée de la tête et des yeux vers la lésion (atteinte de l’aire oculocéphalogyre frontale).
- troubles de conscience initiaux fréquents.
Infarctus cérébral antérieur
- Hémiplégie à prédominance crurale avec troubles sensitifs (atteinte du lobule paracentral).
- Apraxie idéomotrice de la main.
- Syndrome frontal (adynamie).
En cas d’atteinte bilatérale et complète, un mutisme akinétique est observé.
L’association à un infarctus cérébral sylvien est possible dans le cadre d’une thrombose de la terminaison de l’artère carotide interne (« T » carotidien).
L’association d’un infarctus cérébral antérieur ou sylvien à une cécité monoculaire controlatérale à l’hémiplégie par atteinte de l’artère ophtalmique définit le syndrome opticopyramidal et suggère une occlusion carotidienne.
2. Infarctus cérébraux vertébrobasilaires
Infarctus cérébral postérieurTerritoire superficiel
Hémianopsie latérale homonyme souvent isolée (++), avec parfois :
- alexie/agnosie visuelle (hémisphère majeur) ;
- troubles de la représentation spatiale et prosopagnosie (physionomies) (hémisphère mineur).
Territoire profond
Syndrome thalamique :
- troubles sensitifs à tous les modes de l’hémicorps controlatéral ;
- parfois douleurs intenses (jusqu’à l’hyperpathie) d’apparition secondaire ;
- rarement, mouvements anormaux de la main.
En cas d’atteinte bilatérale et complète
Cécité corticale et troubles mnésiques (syndrome de Korsakoff par atteinte bilatérale de la face interne des lobes temporaux).
Infarctus cérébraux sous-tentoriels
Responsables de lésions du tronc cérébral et du cervelet par occlusion d’artères perforantes du tronc basilaire (infarctus paramédians ou latéraux) ou des branches d’artères cérébelleuses.
Infarctus du tronc cérébral
- Ils peuvent être étagés et s’associer à des infarctus hémisphériques d’aval (artère cérébrale postérieure).
- Responsables de syndromes alternes définis par l’atteinte :
- d’un nerf crânien du côté de la lésion ;
- d’une voie longue, sensitive ou motrice, controlatérale à la lésion ;
- par exemple : infarctus protubérantiel associant atteinte du VII de type périphérique homolatérale à la lésion et hémiplégie controlatérale épargnant la face.
- Le plus fréquent est le syndrome de Wallenberg (+++) :
- conséquence d’un infarctus de la partie latérale de la moelle allongée (rétro-olivaire) irriguée par l’artère de la fossette latérale de la moelle allongée, elle-même branche de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure ;
- symptomatologie initiale dominée par une sensation vertigineuse avec troubles de l’équilibre, parfois associés à des céphalées postérieures.
Syndrome de Wallenberg (ou syndrome alterne sensitif) :
- du côté de la lésion :
- syndrome de Claude Bernard-Horner : atteinte de la voie sympathique ;
- hémisyndrome cérébelleux : atteinte du pédoncule cérébelleux inférieur ;
- atteinte du VIII : syndrome vestibulaire avec nystagmus rotatoire ;
- atteinte des nerfs mixtes (IX et X) : troubles de phonation et de déglutition (qui imposent un arrêt de l’alimentation orale), paralysie de l’hémivoile et de l’hémipharynx (signe du rideau) ;
- atteinte du V (racine descendante du trijumeau) : anesthésie de l’hémiface ;
Infarctus graves du tronc cérébral
Conséquences, notamment, d’une occlusion du tronc basilaire, ils se révèlent par :
- un coma pouvant mener au décès ;
- une atteinte motrice bilatérale ;
- au maximum un locked-in syndrome par infarctus bilatéral du pied de la protubérance : quadriplégie avec diplégie faciale (seul mouvement possible : verticalité des yeux) mais conscience normale.
Infarctus cérébelleux
Parfois asymptomatiques, ils se révèlent souvent par un trouble de l’équilibre et provoquent un hémisyndrome cérébelleux ipsilatéral à la lésion.
En cas d’infarctus cérébelleux de grande taille, il peut exister un risque vital par :
- compression du tronc cérébral par l’œdème cérébelleux ;
- hydrocéphalie aiguë par compression du IVe ventricule.
3. Petits infarctus profonds, ou « lacunes »
Conséquence d’une occlusion d’une artériole perforante (diamètre de 200 à 400 μm) par lipohyalinose (cf. infra).Des tableaux cliniques évocateurs divers peuvent révéler ces petits infarctus. Les quatre plus fréquents sont :
- hémiplégie motrice pure (capsule interne) ;
- hémianesthésie pure d’un hémicorps ou à prédominance chéiro-orale (thalamus) ;
- dysarthrie + main malhabile (pied de la protubérance) ;
- hémiparésie + hémi-ataxie (protubérance ou substance blanche hémisphérique).
L’« état lacunaire » est la conséquence de la multiplication des petits infarctus profonds. Il est caractérisé par l’association :
- syndrome pseudobulbaire, troubles de la déglutition et de la phonation (voix nasonnée) ;
- rires et pleurs spasmodiques ;
- marche à petits pas ;
- troubles sphinctériens ;
- détérioration des fonctions cognitives.
B. Accident ischémique transitoire
1. Définition
L’AIT est un épisode bref (typiquement de moins d’une heure) de dysfonction neurologique due à une ischémie focale cérébrale ou rétinienne, sans lésion cérébrale identifiable en imagerie.2. Diagnostic de l’AIT
Il est difficile, du fait de la brièveté du phénomène, et repose d’abord sur la qualité de l’interrogatoire.La symptomatologie clinique des AIT est aussi variée que celle des infarctus cérébraux.
On distingue AIT probable et AIT possible.
AIT probable
- Installation rapide, habituellement en moins de 2 minutes, de l’un ou de plusieurs des symptômes suivants.
- Symptômes évocateurs d’un AIT carotidien :
- cécité monoculaire ;
- troubles du langage (aphasie) ;
- troubles moteurs et/ou sensitifs unilatéraux touchant la face et/ou les membres ; ces symptômes traduisent le plus souvent une ischémie du territoire carotide mais en l’absence d’autres signes il n’est pas possible de trancher entre une atteinte carotide et vertébrobasilaire.
- Symptômes évocateurs d’un AIT vertébrobasilaire :
- troubles moteurs et/ou sensitifs bilatéraux ou à bascule d’un épisode à l’autre, touchant la face et/ou les membres ;
- perte de vision dans un hémichamp visuel homonyme (hémianopsie latérale homonyme) ou dans les deux hémichamps visuels homonymes (cécité corticale) ; l’hémianopsie latérale homonyme peut être observée également dans les AIT carotidiens.
AIT possible
- Les symptômes suivants sont compatibles avec un AIT mais ne doivent pas faire retenir le diagnostic en première intention s’ils sont isolés :
- vertige ;
- diplopie ;
- dysarthrie ;
- troubles de la déglutition ;
- perte de l’équilibre ;
- symptômes sensitifs isolés ne touchant qu’une partie d’un membre ou qu’une hémiface ;
- drop-attack (dérobement des jambes sans trouble de la conscience).
- Le diagnostic d’AIT devient probable si ces signes s’associent (++), de façon successive ou concomitante, entre eux ou aux signes cités dans le paragraphe « AIT probables ».
Une perte de connaissance, une confusion, une amnésie aiguë, une faiblesse généralisée transitoire ne sont pas évocatrices d’AIT.
3. AIT → Situation d’urgence
L’AIT est un « syndrome de menace cérébrale » car :- 30 % des infarctus cérébraux sont précédés d’AIT ;
- 10 % des patients ayant eu un AIT vont présenter un infarctus cérébral constitué dans le mois qui suit ; ce risque est maximal dans les premiers jours suivant l’AIT.
Les AIT et les infarctus cérébraux partagent les mêmes causes.
4. Diagnostics différentiels de l’AIT
Les principaux diagnostics différentiels de l’AIT sont :- neurologiques :
- aura migraineuse (importance de la marche migraineuse progressive) ;
- crise épileptique partielle (ou déficit postcritique) révélatrice d’une lésion sous-jacente (tumeur…) ;
- hypoglycémie ;
- autres : ils sont nombreux et varient selon la présentation clinique :
- vertige paroxystique bénin ou maladie de Ménière (en cas de vertige) ;
- glaucome ou pathologie rétinienne (en cas de trouble visuel) ;
- lipothymie ;
- hystérie, etc.
C. Hémorragies intraparenchymateuses
- La symptomatologie ne répond pas à une systématisation artérielle et dépend de la localisation de l’hémorragie intraparenchymateuse.
- Autres différences avec les infarctus cérébraux :
- céphalées plus fréquentes et plus sévères ;
- troubles de la conscience plus précoces, conséquences de l’HTIC ou de l’étendue de l’hémorragie.
- Néanmoins, la symptomatologie clinique ne permet pas de distinguer une hémorragie intraparenchymateuse d’un infarctus cérébral de manière fiable : l’imagerie cérébrale est indispensable (++).
- On distingue les hémorragies intraparenchymateuses en fonction de leur localisation :
- hématomes profonds (noyaux gris) ;
- hématomes superficiels (ou « lobaires ») ;
- hématomes sous-tentoriels (protubérance, cervelet).
III. Étiologie des AVC
A. Infarctus cérébraux
- Les causes sont multiples.
- Plusieurs causes peuvent être présentes en même temps chez un même patient (par exemple, athérosclérose et fibrillation atriale).
- Dans 25 % des cas environ, l’infarctus cérébral reste d’origine indéterminée (fig. 28.2).
- Les infarctus cérébraux peuvent être dus à :
- une atteinte des grosses artères (macroangiopathies) (++) ;
- une atteinte des petites artères (microangiopathies) (++) ;
- une cardiopathie emboligène (++) ;
- un état prothrombotique (rare) ;
- des causes métaboliques (rares).
Fig. 28.2 - Principales causes des infarctus cérébraux.
1. Macroangiopathies
Athérosclérose- Environ 30 % de l’ensemble des infarctus cérébraux.
- Diagnostic : présence d’une sténose > 50 % d’une artère en amont de l’infarctus cérébral et présence de facteurs de risque vasculaire (fig. 28.3A).
- L’athérosclérose peut conduire à un infarctus cérébral par différents mécanismes :
- thromboembolique (+++) : fragmentation d’un thrombus sur plaque et occlusion d’une artère distale ;
- thrombotique : occlusion artérielle au contact de la plaque ;
- hémodynamique (rare, sur sténose serrée).
- Les localisations privilégiées de l’athérosclérose sont les suivantes :
- circulation antérieure : origine des carotides internes, siphons carotidiens, origine des artères sylviennes ;
- circulation postérieure : origine des artères vertébrales, tronc basilaire ;
- origine des artères perforantes.
Fig. 28.3 Artériopathies
A. Sténoses carotides athéroscléreuses : angiographie conventionnelle, angio-RM.B. IRM (T1 sans injection) en coupe axiale cervicale : hématome de paroi témoignant d’une dissection de l’artère carotide interne gauche (flèche).
Dissections des artères cervicoencéphaliques :
- Cause la plus fréquente des infarctus cérébraux du sujet jeune (environ 20 %).
- La dissection correspond au développement d’un hématome dans la paroi de l’artère, responsable d’une sténose (avec risque d’embole distal), voire d’une occlusion de l’artère disséquée (fig. 28.3B).
- Origine de la dissection :
- post-traumatique (choc, hyperextension) ou spontanée ;
- elle peut survenir sur une artère pathologique (maladie du tissu conjonctif de type Elhers-Danlos, dysplasie fibromusculaire), mais plus souvent sur une artère saine (sans raison clairement identifiée).
- La symptomatologie associe signes locaux et signes ischémiques d’aval, mais chacun est inconstant :
- signes locaux homolatéraux à la dissection :
- cervicalgie/céphalée : signe essentiel de la dissection, à rechercher devant tout infarctus cérébral du sujet jeune (céphalée péri-orbitaire sur dissection carotidienne, postérieure sur dissection vertébrale) ;
- syndrome de Claude Bernard-Horner douloureux par compression du plexus sympathique péricarotidien ;
- paralysie des nerfs crâniens basses (IX, X, XI) par atteinte de l’artère carotide interne dans l’espace sous-parotidien postérieur ;
- acouphène pulsatile par perception de l’accélération du flux sanguin dans la carotide intrapétreuse ;
Causes macroangiopathiques rares
- Syndrome de vasoconstriction réversible : favorisé par la prise de certains médicaments (inhibiteurs spécifiques de la sérotonine…) ou toxiques (cannabis…). Le diagnostic sera évoqué devant l’association d’un facteur déclenchant, de céphalées ictales récurrentes et de vasospasmes observés en imagerie.
- Certaines artérites (maladie de Horton…).
2. Microangiopathies
Infarctus dits « lacunaires »- Environ 20 % de l’ensemble des infarctus cérébraux.
- Petit infarctus profond de moins de 15 mm de diamètre.
- Liés à l’occlusion d’une artériole profonde sur artériopathie locale, la lipohyalinose, dont le principal facteur de risque est l’HTA.
- Localisation préférentielle des infarctus « lacunaires » :
- noyaux gris centraux ;
- capsule interne ;
- pied de la protubérance.
- On suspecte un infarctus lacunaire chez un patient hypertendu en cas de tableau clinique évocateur (cf. supra).
Autres causes microangiopathiques rares
- Rares maladies génétiques, telles que CADASIL (Cerebral Autosomal Dominant Arteriopathy with Subcortical Infarcts and Leukoencephalopathy).
- Artérite primitive du système nerveux central ou secondaire touchant les petites artères distales ; le diagnostic est évoqué devant l’identification de sténoses artérielles multiples et diffuses.
3. Cardiopathies emboligènes
- Environ 20 % des infarctus cérébraux.
- Conséquence d’une atteinte morphologique ou fonctionnelle du myocarde.
- La liste des cardiopathies emboligènes est longue (tableau 28.2) : on distingue celles à risque élevé (risque de complication embolique > 5 % par an) et celles à risque modéré ou mal déterminé.
- La fibrillation atriale est de très loin la plus fréquente des cardiopathies emboligènes (50 % des cas). Le risque embolique est d’autant plus élevé que le score CHADS2-VASc est élevé (cf. Annexe 2).
- Le mécanisme cardioembolique est systématiquement évoqué devant des infarctus cérébraux simultanés ou distincts survenant dans des territoires artériels différents.
Tableau 28.2 Principales cardiopathies emboligènes.
Prothèse valvulaire mécanique Rétrécissement mitral avec fibrillation atriale Fibrillation atriale avec facteur de risque associé Thrombus dans l’atrium ou le ventricule gauche Maladie de l’atrium Infarctus du myocarde récent (< 4 semaines) Akinésie segmentaire étendue du ventricule gauche Cardiomyopathie dilatée Endocardite infectieuse Myxome de l’atrium | Rétrécissement mitral sans fibrillation atriale Rétrécissement aortique calcifié Calcifications annulaires mitrales Bioprothèse valvulaire Foramen ovale perméable Anévrisme du septum interauriculaire Endocardite non bactérienne |
4. Autres causes rares
- États prothrombotiques :
- hémopathie (maladie de Vaquez, thrombocytémie essentielle…) ;
- coagulation intravasculaire disséminée ;
- anticoagulant circulant (anticorps anti-phospholipides).
- Maladies métaboliques rares : drépanocytose, maladie de Fabry, mitochondriopathies…
B. Hémorragies intraparenchymateuses
1. HTA chronique
- Cause de 50 % des hémorragies intraparenchymateuses.
- L’hémorragie intraparenchymateuse est secondaire à la rupture des artérioles perforantes, due à l’HTA chronique (fig. 28.4A).
- L’hémorragie intraparenchymateuse est typiquement profonde ; par ordre de fréquence décroissante :
- capsulothalamique ;
- capsulolenticulaire ;
- cérébelleuse.
Fig. 28.4 - Hémorragies intraparenchymateuses et thromboses veineuses cérébrales.
A. Scanner sans injection : hémorragie intraparenchymateuse capsulolenticulaire gauche chez un sujet hypertendu.B. IRM (T1 sans injection) en coupe parasagittale : thrombose d’un sinus latéral (flèche) avec infarctus veineux hémorragique.
C. IRM (T2*) : hyposignal franc du sinus latéral gauche témoignant d’une thrombophlébite (flèches)
2. Rupture d’une malformation vasculaire
- Elle ne concerne qu’environ 5 à 10 % des hémorragies intraparenchymateuses, mais au moins un tiers chez le sujet jeune.
- Il peut s’agir :
- d’une malformation artérioveineuse ;
- d’un cavernome (malformation cryptique, c’est-à-dire non visible à l’angiographie) : il peut être isolé ou multiple (cavernomatose).
3. Trouble de l’hémostase
Le trouble peut être :- d’origine congénitale (hémophilie…) ;
- d’origine acquise (anticoagulants, alcoolisme chronique…).
Parmi les causes acquises, l’origine iatrogène est prédominante.
Environ 10 % de l’ensemble des hémorragies intraparenchymateuses sont liées à la prise d’AVK (antivitamine K) au long cours. Le risque des antiplaquettaires est beaucoup plus faible.
4. Tumeurs cérébrales
- Cause de 5 à 10 % des hémorragies intraparenchymateuses. Les tumeurs malignes sont les plus concernées.
- L’hémorragie intraparenchymateuse est souvent révélatrice de la tumeur.
5. Autres causes
Elles sont nombreuses :- angiopathie amyloïde (hémorragies intraparenchymateuses lobaires récidivantes + déficit cognitif), cause fréquente chez le sujet âgé ;
- thrombophlébite cérébrale (fig. 28.4, B et C) ;
- endocardite infectieuse (rupture d’anévrisme mycotique) ;
- artérites cérébrales.
la suite dessous
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