Donald Trump a annoncé lundi qu’il prenait une pilule de chloroquine chaque jour même si la présence du coronavirus n’a pas été détectée dans son organisme alors qu’il se soumet régulièrement à des tests.
Le président américain a indiqué lundi prendre de l'hydroxychloroquine depuis une dizaine de jours, sans pour autant avoir été testé positif au coronavirus. Donald Trump défend depuis deux mois cet antipaludéen, même si une étude vient de relativiser son intérêt. Le bilan de la pandémie a franchi le seuil des 90.000 victimes aux Etats-Unis.
Il y a tout juste deux mois, Donald Trump avait poussé en faveur de la chloroquine, estimant que le médicament pourrait « changer la donne ». Donald Trump n'est pas malade mais il se soigne. Le président américain a indiqué lundi prendre de l'hydroxychloroquine depuis une dizaine de jours, à raison d'un comprimé par jour. Ce médicament, initialement destiné à se protéger contre le paludisme, suscite des débats enflammés autour de sa supposée efficacité pour combattre le coronavirus.
« J'en prends parce que j'entends de très bonnes choses », a expliqué Donald Trump lors d'un échange avec des journalistes, tout en précisant qu'il n'avait pas été testé positif à la Covid-19. La prise de ce médicament coïnciderait en revanche avec l'annonce de la contamination d'une conseillère du vice-président Mike Pence travaillant à la Maison Blanche.
« Changer la donne »
Il y a tout juste deux mois, Donald Trump avait poussé en faveur de la chloroquine , estimant que le médicament pourrait « changer la donne » dans la gestion de la pandémie, au vu d'études présentant des « résultats préliminaires très très encourageants ». « Nous allons pouvoir rendre ce médicament disponible quasiment immédiatement », indiquait-il alors.
Deux jours plus tôt, en France, le professeur Didier Raoult de l'IHU Méditerranée Infection à Marseille avait indiqué que l'administration de chloroquine sur un échantillon de 24 patients montrait qu'après six jours d'un test clinique, seulement un quart de l'échantillon était encore porteur du virus. Les résultats étaient encore meilleurs quand la chloroquine était associée à un antibiotique ciblé contre la pneumonie bactérienne.
Mise en garde de la FDA
Depuis mi-mars, Donald Trump estime que la prise de cet antipaludéen, également utilisé pour certaines maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, est une chance à saisir, et présente peu de risques. « Vous connaissez l'expression : qu'est-ce que vous avez à perdre ? », a-t-il d'ailleurs répété lundi. Le président américain a souvent cité le cas de personnes traitées avec de la chloroquine et ayant guéri du coronavirus.
La communauté médicale est plus circonspecte. La Food and drug administration (FDA), l'autorité régulatrice du secteur des médicaments, a mis en garde contre de possibles effets secondaires au niveau cardiaque, et rappelé que la chloroquine ne devait être utilisée, dans le cadre du traitement du coronavirus, que sur des patients hospitalisés ou en essai clinique
Une étude financée par les Instituts de santé américains (NIH) et publiée dans le New England Journal of Medicine vient par ailleurs de conclure que l'administration d'hydroxychloroquine n'a pas eu d'effets significatifs sur l'état de patients gravement malades du coronavirus.
Défiant vis-à-vis de la science
Un potentiel rôle préventif de l'hydroxychloroquine n'a en outre jamais été évoqué par la communauté scientifique. Le médecin de la Maison Blanche aurait toutefois été consulté, et « à un certain moment, j'arrêterai », a indiqué le président américain.
Interrogée sur CNN, Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, a estimé que ce n'était «pas une bonne idée». «Il est notre président et je préférerais qu'il ne prenne pas quelque chose qui n'a pas été approuvé par les scientifiques, particulièrement dans sa catégorie d'âge et, disons, dans sa catégorie de poids, appelée obésité morbide», a-t-elle ajouté. Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a dénoncé des déclarations «dangereuses». «Cela donne aux gens de faux espoirs (...) et peut même les mettre en danger», a-t-il déploré sur MSNBC.
Souvent défiant vis-à-vis de la science, Donald Trump avait déjà suscité la consternation fin avril en laissant entendre qu'il pouvait être intéressant d'utiliser un désinfectant pour combattre la maladie. « Je vois que le désinfectant l'assomme (le coronavirus, NDLR) en une minute. Une minute. Et est-ce qu'il y a un moyen de faire quelque chose comme ça avec une injection à l'intérieur ou presque comme un nettoyage ? », avait-il questionné. Il avait ensuite assuré que son propos était « sarcastique